Déprime rénov’. Lundi, la Première ministre a écarté les nombreuses propositions faites par le Conseil national de la refondation (CNR), acceptant seulement de renforcer MaPrimeRénov. Un dispositif critiqué pour ne pas inciter aux rénovations globales.
Tout ça pour ça. Fin mai, après sept mois de travail, les 200 personnes impliquées dans le Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement ont rendu leurs propositions au gouvernement. Ce lundi, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé ne retenir qu’une infime partie de leur quinzaine de propositions, sans consentir à de grands changements. Parmi les principaux angles morts, la rénovation énergétique ne bénéficiera que de mesures cosmétiques, sans nouveau budget.
«Ne rien prévoir en soutien des travaux de rénovation énergétique, après avoir annoncé qu’il faudrait investir 48 milliards d’euros de plus par an pour répondre aux objectifs, c’est aller droit dans le mur», s’est désolée la Fédération française du bâtiment (FFB). Si Elisabeth Borne espère tripler le rythme actuel pour atteindre les 200 000 rénovations globales annuelles en 2024, la France est encore à mille lieues d’atteindre son objectif de 5 millions de logements rénovés d’ici 2050 (Vert).
Pour tenter d’y arriver, le gouvernement prévoit d’élargir le dispositif MaPrimeRénov — qui subventionne les travaux d’isolation -, avec près de 1 000 guichets «France Rénov» supplémentaires et une augmentation des «accompagnateurs Rénov’», de 2 000 à 5 000. La proposition du CNR de créer une banque de la rénovation énergétique pour faire contribuer les banques commerciales à l’effort massif de rénovation n’a pas été retenue.
«Ce sont principalement des mesures prises dans l’urgence pour massifier les aides, mais on n’incite pas à la rénovation globale», estime auprès de Vert, Carine Sebi, économiste à Grenoble Ecole de Management (GEM). Pour pallier la multiplication des monogestes de rénovation — changer sa chaudière sans isoler les murs, par exemple — le dispositif propose depuis plusieurs mois des aides renforcées pour les gros chantiers de rénovation globale. Problème : ce sont d’abord les foyers aisés avec des moyens suffisants qui réalisent ce genre de travaux et bénéficient, donc, des aides.
«Il faut faire les deux : ne pas contraindre les aides aux ménages les plus aisés, qui sont moteurs sur le chantier de la rénovation, tout en accompagnant les plus modestes», plaide Carine Sebi. Alors qu’il est déjà difficile de se retrouver dans le labyrinthe des aides à la rénovation, les ajustements à la marge du gouvernement risquent de décourager encore plus de ménages à s’engager dans de nouveaux travaux coûteux.
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