La télé commande. Un nouveau pictogramme sur la durabilité vient remplacer l’affichage de réparabilité sur les téléviseurs à la vente. Un dispositif qui s’étendra à d’autres appareils dans les prochains mois. Explications.
Lutter contre l’obsolescence des produits «en répondant à des préoccupations tant écologiques qu’économiques» : voilà la promesse du ministère de la transition écologique, qui inaugure l’indice de durabilité. Ce dispositif a été voté dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) de 2020, et remplace l’indicateur de réparabilité, instauré sur plusieurs appareils depuis 2021. «L’indice de durabilité a toujours été l’objectif, car un consommateur ne veut pas qu’un produit soit réparable, il faut qu’il soit durable», amorce auprès de Vert Samuel Sauvage, co-fondateur et porte-parole de l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), qui est à l’origine de ce projet.
L’étiquette de durabilité concerne les téléviseurs dans un premier temps, puis les lave-linge dès le 8 avril prochain. Cet indicateur se veut «plus complet» que le précédent. Il intègre des critères sur la robustesse des appareils (facilité d’entretien, résistance à l’usure et aux contraintes, etc.) en plus des éléments de réparabilité (démontabilité du produit, disponibilité et prix des pièces détachées…) déjà obligatoires.
Une note allant de un à dix devra être visible en rayon et sur les sites internet grâce à un pictogramme. «Ce nouvel indice de durabilité va permettre aux consommateurs de comparer les offres et les guider vers des achats qui durent dans le temps, moins sujets aux pannes, au vieillissement et bien sûr plus réparables», se félicite la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. «L’ensemble du marché va être forcé d’améliorer ses pratiques, parce que les fabricants ne peuvent pas se permettre d’avoir de mauvaises notes», abonde Samuel Sauvage.
La mise en place du dispositif a été retardée d’un an : «Il a été difficile de se mettre d’accord sur des critères jugés réalistes par les fabricants et pertinents pour les associations comme la nôtre», reconnaît-il.
Le projet devait aussi inclure les smartphones et les tablettes, mais la Commission européenne a rendu un avis défavorable à ce sujet en 2023, préférant un indice européen global pour ces produits. Un manque «regrettable», d’après l’association Halte à l’obsolescence programmée, qui juge les critères européens trop peu ambitieux.
Un outil «imparfait», mais «indispensable»
Ce dispositif est «indispensable pour éclairer les consommateur·ices sur la fiabilité des biens», mais «encore imparfait», juge HOP. L’association fustige certains critères «trop faciles» à remplir, dont celui pour l’accessibilité de l’information sur l’entretien des téléviseurs. Il suffit au fabricant d’afficher qu’il faut éteindre l’appareil après utilisation, ou alors prendre soin de la télécommande, pour gagner des points. «Si les critères sont trop simples et que toutes les marques ont des bonnes notes, l’indice ne sera pas efficace, car le consommateur ne percevra par la différence», regrette Samuel Sauvage.
Enfin, HOP estime que l’indicateur concerne trop peu d’appareils et suggère de l’étendre aux ordinateurs, lave-vaisselle, petit électroménager, vélos, écouteurs, casques et enceintes sans fil. L’association aimerait une interdiction progressive de mise sur le marché des produits aux notes les plus faibles, «mais ça n’est pas gagné pour le moment», admet le porte-parole d’HOP.
Des discussions sont prévues par le ministère pour élargir la liste des appareils concernés à tous ceux qui disposent d’ores et déjà de l’indice réparabilité (tondeuses, aspirateurs) dans les mois à venir. Mais aucun calendrier n’est fixé pour le moment.
