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Publicité : tous les moyens sont bons pour nous faire manger plus de viande

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Les moyens jus­ti­fient la faim. Mal­gré un bilan envi­ron­nemen­tal effroy­able, l’in­dus­trie de la viande utilise libre­ment toutes sortes de ficelles pour aug­menter ses ventes, y com­pris le ren­force­ment de stéréo­types sex­istes ou la défor­ma­tion de recom­man­da­tions de san­té publique, révèle une nou­velle étude de Green­peace.

La pro­duc­tion d’al­i­ments d’o­rig­ine ani­male est un poids lourd du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, total­isant à elle seule pas moins de 19% des émis­sions de gaz à effet de serre, indiquent les études les plus récentes. C’est aus­si un prob­lème de san­té publique puisque la sur­con­som­ma­tion de viande rouge ou trans­for­mée accroît les risques de can­cer et de patholo­gies car­dio­vas­cu­laires. 

Mal­gré ce bilan désas­treux, la pub­lic­ité pour les pro­duits carnés n’est tou­jours pas régulée en Europe, comme le sont déjà les com­mu­ni­ca­tions sur l’al­cool, le tabac, la mal­bouffe ou le sucre. Au con­traire, l’U­nion européenne a déboursé par moins de 252,4 mil­lions d’eu­ros entre 2016 et 2020 pour faire la pro­mo­tion de la viande et des pro­duits laitiers, rap­pelle Green­peace. C’est 32% des 776,7 mil­lions d’euros alloués à la pro­mo­tion des pro­duits agri­coles dans l’UE et à l’étranger. Pour obtenir ces sub­ven­tions, cer­tains pub­lic­i­taires de l’in­dus­trie de la viande ont claire­ment man­i­festé leur volon­té d’aug­menter les ventes. La logique, pour lim­iter les effets du chaos cli­ma­tique, serait pour­tant d’en réduire dras­tique­ment la con­som­ma­tion.

L’é­tude de Green­peace dévoile les straté­gies de 51 mar­ques com­mer­cial­isant de la viande dans six pays d’Europe (France, Espagne, Pologne, Suisse, Alle­magne et Dane­mark) © Green­peace France

Pour nous faire aimer la viande, les pub­lic­i­taires déploient des tré­sors d’in­ven­tiv­ité. La san­té est sans con­teste l’ar­gu­ment le plus util­isé, quitte à tor­dre la réal­ité sci­en­tifique. Les pub­lic­ités ali­mentent ain­si « l’in­quié­tude des con­som­ma­teurs quant au fait que les pro­téines ani­males con­stituent la meilleure voire la seule source de pro­téines » alors que cette asser­tion est aujour­d’hui large­ment recon­nue comme obsolète, pointe l’é­tude. De nom­breux spots « ren­for­cent cer­tains stéréo­types gen­rés inutiles et nuis­i­bles en sous-enten­dant que manger de la viande (rouge) rend les hommes plus vir­ils, et que don­ner de la viande à leur famille fait des femmes de meilleures épouses/mères », soulig­nent égale­ment les auteur•ices. D’autres encore mis­ent active­ment sur l’humour pour présen­ter le végé­tarisme comme une faib­lesse ou une pra­tique fémi­nine. Toutes « exploitent le besoin qu’ont les con­som­ma­teurs et con­som­ma­tri­ces d’être accep­tés, accom­plis, aimés, respec­tés et, au final, de se sen­tir bien ». Bref, la dis­so­nance cog­ni­tive poussée à son parox­ysme.