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Pour faire face au réchauffement climatique, une station de ski refroidit artificiellement la montagne

Le fond de l’air effraie. En Suisse, le célèbre domaine skiable de Saint-Moritz vient d’installer un système de refroidissement du sol. Une technologie qui vise à sécuriser l’accès à son téléphérique, mais qui ne suffira pas à sauver les montagnes de la crise climatique.
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Saint-Moritz, ses montagnes grandioses, ses 350 kilomètres de pistes de ski… et son congélateur géant. Face au réchauffement climatique, la station de ski située dans les Alpes suisses a décidé d’installer cet été un système de refroidissement artificiel au sommet d’un de ses téléphériques.

L’objectif : sécuriser l’accès à la plateforme, située en haut du Piz Nair, à 3056 mètres d’altitude. Installés dans la roche, seize thermosiphons doivent stabiliser le terrain en limitant la fonte du permafrost – le sol gelé en profondeur.

Une technologie venue du grand nord canadien

Longs de 15 mètres chacun, ces grands tubes retirent de la chaleur dans la terre grâce à un système de mouvement naturel des fluides. «Ce que nous faisons actuellement avec ce système, c’est aider un peu la nature : nous retirons davantage de chaleur du sol. Il est donc plus froid qu’il ne le serait naturellement, ce qui permet au permafrost de survivre à l’été», a détaillé Lukas Arenson, ingénieur en géotechnique et pergélisol pour BGC Engineering.

L’arrivée du téléphérique du Piz Nair en 2014. ©Vasile Cotovanu/Flickr

Ce type de technologie existe déjà depuis plusieurs années au Canada et aux Etats-Unis pour protéger les pipelines posés sur le sol gelé. Mais cette installation de géo-ingénierie est «une première en Europe»selon la Radio télévision suisse, qui est à l’origine de l’information. Conçu pour durer une trentaine d’années, ce dispositif a coûté près de 2 millions d’euros.

«Quand je vois comment cela fonctionne, je ne me fais pas de souci pour cette station pour les prochaines décennies», a assuré auprès du média suisse le directeur du téléphérique, Thomas Brunner. Selon ce dernier, «l’alternative aurait été de se résoudre à abandonner la montagne. Ce n’est absolument pas une option pour nous : que ce soit en tant que destination touristique ou parce que les coûts de démontage seraient bien supérieurs à ces thermosiphons.»

Solutions techniques locales, problème global

«C’est certainement une réponse technique pour les situations où l’on a déjà une infrastructure qui est construite, a estimé le chercheur Ludovic Ravinel auprès de Radio France international. En revanche, il ne faudrait pas que cela conduise à construire en haute montagne pour des raisons touristiques sur des terrains qui sont aujourd’hui instables.»

Longs de 15 mètres, ces grands tubes retirent de la chaleur dans la terre grâce à un système de mouvement naturel de fluides. Capture d’écran RTS

Avec le réchauffement climatique, les glaciers mais aussi le pergélisol – qui maintient les roches au sommet des montagnes – fondent de plus en plus vite et menacent la sécurité des installations locales. En mai dernier, le petit village suisse de Blatten a par exemple été enseveli par l’effondrement d’un glacier (notre article).

Bâches blanches pour limiter la fonte des glaciers, neige artificielle… Différentes pistes technologiques sont expérimentées pour limiter localement cette fonte et tenter de préserver à court terme l’économie de la montagne.

Comme le rappelaient plusieurs glaciologues dans Vert en juillet dernier, la réduction des émissions humaines de gaz à effet de serre – responsables du réchauffement climatique – est la seule solution pour limiter la fonte des glaciers.

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