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Pour deux tiers des Européens, la transition écologique doit s’accompagner d’une lutte contre les inégalités

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Fin du monde, fin du mois. Une grande majorité de la pop­u­la­tion européenne plébiscite une tran­si­tion juste et sou­tient des poli­tiques de réduc­tion des iné­gal­ités.

68% des Français·es et des Européen·nes esti­ment que la tran­si­tion écologique ne peut se faire «que si l’on s’attaque en même temps aux iné­gal­ités». C’est la con­clu­sion de la dernière édi­tion d’une étude sur le cli­mat réal­isée chaque année par la société de con­seil BVA pour la Banque européenne d’investissement et la Fon­da­tion Jean Jau­rès, pub­liée mar­di. Cette enquête a été menée auprès de plus de 30 000 per­son­nes à tra­vers le con­ti­nent, dont 1 000 en France.

La préoc­cu­pa­tion prin­ci­pale des répondant·es est — de loin — la hausse du coût de la vie : c’est le cas pour 70% des Français·es et 68% des Européen·nes. Le change­ment cli­ma­tique arrive en deux­ième posi­tion (45% pour la France, 39% au niveau de l’Union européenne). Ce n’est pas pour autant que les per­son­nes inter­rogées opposent les deux : elles con­sid­èrent que «la pro­mo­tion de l’équité sociale et la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique doivent aller de pair». Moins du tiers des sondé·es (32%) esti­ment que la tran­si­tion écologique doit se faire «même si cela sig­ni­fie que les iné­gal­ités risquent d’augmenter».

Les Français·es et les Européen·nes pla­cent le pou­voir d’achat en tête de leurs préoc­cu­pa­tions, suivi par le change­ment cli­ma­tique. © BVA pour la BEI et la Fon­da­tion Jean Jau­rès

Hélas, seule une minorité de per­son­nes (39% en France, 38% dans l’UE) fait con­fi­ance à son gou­verne­ment pour met­tre en œuvre des poli­tiques lut­tant à la fois con­tre les iné­gal­ités sociales et con­tre les émis­sions de gaz à effet de serre.

Pour men­er à bien cette tran­si­tion juste, les Français·es plébisci­tent plusieurs mesures fis­cales : trois quarts des sondé·es sont favor­ables à une taxe car­bone pro­gres­sive («plus une per­son­ne ou une entre­prise s’enrichit du fait d’activités préju­di­cia­bles à l’environnement, comme l’extraction ou l’utilisation de com­bustibles fos­siles, plus ses revenus/recettes sont taxés») et à un dur­cisse­ment de la fis­cal­ité sur les com­bustibles fos­siles (fin des sub­ven­tions et nich­es fis­cales pour les fos­siles afin de sub­ven­tion­ner les renou­ve­lables).

Plus de sept Français·es sur dix aimeraient la mise en place d’une tax­a­tion pro­gres­sive sur l’achat de pro­duits car­bonés comme le pét­role. Enfin, plus de la moitié des répondant·es (53%) accepte l’idée d’une hausse des impôts sur les revenus si cela per­met de financer des poli­tiques cli­ma­tiques, notam­ment à des­ti­na­tion de per­son­nes moins for­tunées.

Une vaste majorité des Français·es (77%) craint tout de même que les poli­tiques de lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique n’affectent leur pou­voir d’achat, et plaide pour une action publique qui soit sen­si­ble à cette ques­tion.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : un activiste porte une pan­car­te «Fin du monde, fin du mois, même com­bat» lors d’une man­i­fes­ta­tion des Gilets jaunes à Paris en 2019 © Zakaria Abdelka­fi / AFP