Chronique

Podcast «Pas mes fils» : comment être mère de garçons dans un monde post-MeToo ?

Du fils à retordre. Dans «Pas mes fils», Julie Gavras envisage la potentielle violence sexiste et sexuelle de ses propres fils. Quelle serait alors sa part de responsabilité, en tant que mère ? Pour répondre à cette question, elle a sollicité des expert·es… et ses enfants. Une réflexion rare, honnête et nécessaire sur la responsabilité parentale face à la culture du viol.
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«Je n’arrive pas à les imaginer violents, mais les chiffres montrent qu’un homme sur quatre reconnaît avoir eu des comportements ne respectant pas le consentement de sa partenaire. Pourtant, je n’arrive pas à l’admettre. Pas eux, pas mes fils.» Alors qu’il est établi que 83% des auteur·ices de violences sexuelles sont des hommes (Ined, 2025), les mères de garçons – et en particulier celles qui se revendiquent comme féministes – se trouvent face à un paradoxe troublant. D’un côté, elles mobilisent volontiers ces chiffres dans leurs discours militants. De l’autre, elles peinent à envisager que ces violences puissent un jour être le fait de leur·s propre·s fils.

C’est à ces contradictions intimes, qu’elle reconnaît éprouver elle-même, que Julie Gavras consacre son dernier podcast, «Pas mes fils», produit par Louie Media. Une enquête sociologique, et profondément personnelle. Pour nourrir sa réflexion, la réalisatrice convoque des voix multiples : la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, la sociologue Irène Théry, le politiste Francis Dupuis-Déri, des mères de son entourage et, surtout, ses deux fils. Ce mélange de témoignages et de dialogues familiaux crée un récit vivant, souvent drôle, toujours sincère.

© Louie Media

L’intime et le collectif se mêlent : on y entend les doutes, les maladresses, les prises de conscience et la complexité d’un rôle maternel qui se veut féministe, sans toujours savoir comment l’être concrètement.

Comment élever un garçon après MeToo ?

Le mouvement MeToo a révélé l’ampleur des violences sexuelles et la nécessité d’éduquer les jeunes (et surtout les garçons) au consentement. L’école, pourtant tenue par la loi de 2001 d’assurer une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, remplit rarement cette mission. Aux parents de prendre le relais – avec toutes les hésitations que cela suppose.

Quand parler de sexualité à ses enfants ? Quelle distance prendre ? Surtout, les mères qui ont subi des agressions doivent-elles le raconter à leurs fils ? C’est à toutes ces questions que tente de répondre Julie Gavras. Car ce n’est pas gagné : «La dernière fois que j’ai embrassé une fille, je ne lui ai pas posé la question pour pas casser un truc mais j’étais certain qu’elle voulait», répond son fils cadet à la question «Rappelle-moi les étapes avant d’embrasser quelqu’un ?».

Une responsabilité partagée

Au fil des six épisodes du podcast, on suit le cheminement intérieur de la documentariste. Partie de l’idée d’examiner son propre rôle de mère, elle réalise peu à peu qu’elle a évacué une autre figure : celle du père. Pourquoi la responsabilité de l’éducation au consentement repose-t-elle toujours sur les femmes ? Peut-on vraiment transmettre des valeurs féministes à des garçons dans une société qui, sans cesse, valorise la domination masculine ?

En articulant intime et politique, «Pas mes fils» propose une réflexion rare, honnête et nécessaire sur la responsabilité parentale face à la culture du viol et sur ce que signifie concrètement élever des garçons en 2025.

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