C’est la superficie de la Croatie, ou deux fois celle de la Belgique : plus de 5,8 millions d’hectares ont déjà brûlé au Canada depuis le début de l’année 2025, ce qui en fait l’une des pires saisons des feux (qui s’étend généralement de mai à septembre) jamais enregistrées dans le pays. C’est pour l’instant la quatrième vague d’incendies la plus destructrice – en superficie – depuis 1990, et la deuxième des dix dernières années.
En raison de la sécheresse et des températures supérieures à la normale, le pays de 40 millions d’habitant·es a connu une saison précoce et extrême avec plusieurs mégafeux actifs simultanément. Et ces derniers dévorent les terres à un rythme rarement vu depuis 40 ans. 2025 a d’ores et déjà dépassé le bilan de l’année 2024, où 5,3 millions d’hectares étaient partis en fumée.

«Il s’agit de l’une des superficies cumulées les plus élevées pour cette période de l’année, derrière le record de la saison des incendies de 2023», a souligné Michael Norton, porte-parole du ministère canadien des ressources naturelles. Mais, contrairement à l’été hors du commun de 2023, où l’activité des incendies «ne s'[était] pas stabilisée» et où plus de 17,2 millions d’hectares avaient brûlé au total, «nous observons cette année un schéma d’incendie plus normal», a-t-il poursuivi.
Le pays se trouve actuellement dans «les deux mois [qui sont habituellement] les plus actifs de la saison», avec des conditions propices aux incendies dans plusieurs régions, a prévenu Michael Norton. 567 feux sont toujours actifs à travers le pays, et on a dénombré quelque 3 400 départs d’incendies depuis le début de l’année. Ottawa a fait appel à l’aide internationale et plus de 500 pompiers étrangers – des États-Unis, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, du Costa Rica et du Mexique – sont sur place.
Les peuples autochtones en première ligne
Le 10 juillet dernier, l’intensité des brasiers a forcé la province du Manitoba (dans le centre du pays) à déclarer l’état d’urgence pour la deuxième fois en quelques mois, et les autorités ont annoncé que le nombre d’hectares brûlés cette année était déjà dix fois supérieur à la moyenne.
Depuis ce printemps, 39 000 personnes autochtones ont été évacuées, a indiqué la ministre des services aux autochtones, Mandy Gull-Masty, vendredi dernier. Les Premières nations (l’un des trois groupes des peuples autochtones au Canada, avec les Inuits et les Métis) sont «touchées de manière disproportionnée» par les feux et sont «108 fois plus susceptibles d’être évacuées lors d’urgences», a-t-elle précisé.
Le Canada, qui se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète, est confronté à de plus en plus d’événements météorologiques violents. Liée au changement climatique d’origine humaine, la hausse des températures entraîne moins de neige, des hivers plus courts et plus doux, et des conditions estivales plus précoces qui favorisent les incendies.
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