«À Noël dernier, j’ai fait un pain d’épices végane pour pouvoir échanger avec ma famille sur ce régime et montrer qu’on pouvait cuisiner beaucoup de choses tout en respectant le vivant, nous raconte Célia, responsable de développement dans une association dédiée à l’éducation à l’alimentation. J’ai déchanté quand j’ai vu arriver mon pain d’épices pour accompagner le foie gras». Le désarroi alimentaire de Célia fait écho à celui de plusieurs contributeur·rices à notre appel à témoignages.

S’engager en famille

«Je fais goûter des plats végétariens pour montrer que c’est possible et ça fonctionne – sauf avec mon oncle qui était boucher», nous raconte aussi Salomé sur Instagram. Mais tous les dialogues n’aboutissent pas, en témoigne Delphine auprès de Vert : «J’ai abandonné, je vais acheter du faux gras [du foie gras réalisé à partir d’ingrédients végétaux, NDLR] en cachette.»

C’est en famille qu’Adèle, étudiante en master métiers de l’enseignement à Toulouse (Haute-Garonne), a réussi à tourner la page de la viande : «la première à être devenue végétarienne dans ma famille, c’est ma cousine, raconte-t-elle. De base, nous sommes assez carnivores, surtout mon papa. Avec ma mère et ma sœur, il y a toujours eu beaucoup d’écoute et de débat, que ce soit sur le féminisme ou l’écologie. On a d’abord commencé à réduire la viande et ensuite, on a voulu arrêter, ça fait environ trois ans que nous sommes végétariennes.»

Pour Aurélie, la «bataille, c’est les jeux d’occasion pour les enfants pour éviter la surconsommation.» Elle explique à Vert : «Je demande à mes proches d’acheter d’occasion plutôt que neuf, ça engendre forcément une discussion sur la consommation.» Un autre moyen de parler écologie à Noël, que vous êtes plusieurs à mentionner.

Fresque du climat, atelier 2tonnes… des activités pour aborder le sujet

«Je fais Noël avec ma famille maternelle et on fait des fresques du climat au réveillon, on parle panneaux solaires et petites associations qui agissent pour le climat», rapporte Éloïse, par mail.

Amélie, elle, a essayé de lancer une activité dans le même genre, en vain : «J’ai proposé à ma famille d’animer un atelier 2tonnes, on m’a répondu : “Non, les fêtes c’est pas le mood [l’ambiance, NDLR] pour ça”», regrette-t-elle auprès de Vert. Ce jeu sensibilise aux efforts – individuels et collectifs – nécessaires pour limiter le réchauffement climatique, sans culpabiliser les participant·es (notre article). Amélie n’abandonne pas pour autant : «Je pense que je leur proposerai une prochaine fois, peut-être pas à Noël.»

Ségolène, elle, a eu plus de succès : «Cette année, je vais tenter d’animer un atelier 2tonnes… tout le monde a dit oui !», s’enthousiasme-t-elle. Ma famille n’a pas du tout grandi avec une conscience écologique, ce n’est pas un sujet qui les intéresse. J’ai commencé par demander à mon copain et mon frère qui étaient partants, puis j’ai réussi à embarquer ma mère en disant que c’était une activité en famille. Comme tout le monde allait faire ce jeu, mon père a fini par dire oui. C’est du travail de longue haleine, j’ai hâte de voir comment ça va se passer !»

Conseils lecture : «la fiction peut être plus efficace que l’argumentation»

«J’offre Impact d’Olivier Norek, une fiction qui décrit une société futuriste dans laquelle l’environnement est tel qu’aucun nourrisson ne peut naître en bonne santé», confie Leïla, professeure de français. «Je pense que la culture a un gros pouvoir pour changer les représentations, explique-t-elle à Vert, la fiction offre un miroir aux climatosceptiques, sans attaquer le sujet directement. Argumenter n’est pas forcément productif, la fiction peut être plus efficace.»

Adèle, une autre lectrice de Vert, conseille des lectures comme L’Intelligence des plantes, de Stefano Mancuso et Alessandra Viola, mais aussi «des contenus ou des vidéos sur ces sujets». «Notre parole – celle des amis ou de la famille – n’est pas très crédible, ils accordent plus de valeur à une interview ou une vidéo, alors je leur envoie des liens vers ces contenus», détaille-t-elle.

Si vous voulez partager des conseils de lecture à vos proches, retrouvez notre sélection des meilleurs livres écolos de cette fin 2024 à mettre sous le sapin.

«J’ai compris qu’il avait besoin de données claires»

Sandra raconte à Vert : «Mon mari m’a dit qu’il était climatoréaliste ! [le nom d’une association climatosceptique et un qualificatif dont s’affublent certains négateurs de la science du climat, NDLR]. J’ai compris qu’il avait besoin de données claires, mais même avec celles-ci, il ne croit pas à 100% au changement climatique. Il accepte, comme le philosophe Pascal, de faire des efforts au cas où cela aurait un impact.»

Comme Sandra, Corentin n’espère pas faire changer d’avis son interlocuteur, mais il veut au moins «le comprendre plutôt que de le convaincre et lui faire admettre qu’il est climatosceptique. Il m’expliquait que ce n’était pas le réchauffement climatique qui était inquiétant, mais la prochaine ère glaciaire, raconte-t-il, c’était argument contre argument, je me demande d’où il a eu cette inspiration.»

À Vert, nous continuerons de décrypter les arguments des personnes climatosceptiques et nous interrogerons les expert·es pour trouver comment convaincre le plus grand nombre – vos proches y compris – dans notre nouvelle rubrique Chaleurs actuelles. Bonnes fêtes à nos chères lectrices et nos chers lecteurs.