Chronique

Les meilleurs livres écolo de 2024 à mettre sous le sapin

Des livres et vous. Bédés, livres pour enfants, essais, nouvelles utopiques : Vert a sélectionné pour vous une quinzaine d'ouvrages à (vous) offrir à Noël.
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«Les Utopiennes», le recueil de nouvelles utopistes qui va vous faire kiffer le futur

Embelire l’avenir. Au pays des Utopiennes, l’Académie française est dirigée par des femmes, des accordeurs prennent soin d’éoliennes en bois, les citoyen·nes d’une nouvelle Nation-monde voyagent de terres en terres sur des bateaux, les villes sont accessibles aux personnes en situation de handicap et la majorité des méga-bassines ont été abandonnées. Ce recueil collectif présente vingt-huit histoires en provenance du futur et raconte comment, grâce aux luttes et à la solidarité, chacun·e a trouvé sa place au sein du vivant. Des nouvelles, des poèmes, une carte ou encore des photos pour apporter de l’audace, de la beauté et de l’espoir au pied du sapin.

Les Utopiennes. Bienvenue en 2044, Collectif, La mer salée, octobre 2024, 208p, 24,50€

«Iddù», une ode écoféministe pleine de poésie pour les enfants

Île et elles. C’est l’histoire d’un volcan, Iddù, venu du cœur de la Terre, et d’un enfant, Dodù, né de ce volcan. Sur ce monticule de lave devenu île vivent de nombreuses plantes et animaux, dont il suffit d’apprendre le langage pour en saisir la richesse. Mais si Dodù s’endort chaque nuit paisiblement, bercé·e par le ronronnement du volcan, ce n’est pas le cas des autres villageois·es, qui l’accusent d’être responsable de leurs insomnies. Alors, quand la communauté des humain·es se met en tête d’éteindre le volcan, Dodù et ses drôles de dames organisent la résistance. Avec «Iddù», La Déferlante Éditions propose un premier album jeunesse chatoyant et poétique, accessible à partir de 6 ans. Ce conte écoféministe de l’autrice Camille Bouvot-Duval rencontre les illustrations de Léa Djeziri, entre peinture acrylique et encres aquarelles, pour une ode à l’amour et à l’harmonie avec la nature. Réjouissant.

«Iddù», Camille Bouvot-Duval, Léa Djeziri, La Déferlante Éditions, octobre 2024, 48p, 19,90€

«Réinventons la montagne», une utopie réaliste face à l’horizon obscur des JO d’hiver 2030

Des hauts et débats. De la neige pulvérisée par canons, transportée par camions et une ode au modèle tout-ski : l’organisation des olympiades hivernales en France en 2030 trahit un déni de la crise climatique. Pour éviter la sortie de piste, Fiona Mille imagine un autre chemin pour les loisirs, l’économie et les modes de vie en altitude. Elle rassemble des voix – surtout féminines – porteuses d’idées neuves : la glaciologue Heïdi Sevestre, la biathlète Marie Dorin-Habert ou l’autrice Corinne Morel Darleux. Plus qu’un appel à la prise de conscience, un guide pour bâtir une montagne-refuge.

Réinventons la montagne. Alpes 2030 : un autre imaginaire est possible, Fiona Mille, éditions du Faubourg, novembre 2024, 152 p, 14€

«S’aimer la Terre» prend le scandale du chlordécone aux Antilles à bras-le-corps

Ils ont chlordéconné. «Comment hériter d’une terre meurtrie par l’habiter colonial ?» C’est la question à laquelle le politiste et philosophe martiniquais Malcom Ferdinand tente de répondre dans cet essai robuste. Il analyse le scandale du chlordécone, ce pesticide ultra-toxique dont l’utilisation a été autorisée par la France dans les bananeraies en Martinique et en Guadeloupe de 1972 à 1993, malgré ses impacts catastrophiques sur la santé des populations et sur l’environnement. Encore aujourd’hui, les habitant·es, les terres, l’eau et tous les êtres vivants en sont imprégnés. Pour le chercheur au CNRS, cet écocide s’explique par une déshumanisation des Antillais·es et par un rapport raciste et patriarcal à leur corps et à cette terre. Selon l’auteur, ce système de domination subsiste encore et les études scientifiques sur cette pollution massive, majoritairement réalisées par des personnes blanches, n’échappent pas à cette perspective coloniale. Il explore dans son ouvrage les différentes formes de résistances et propose l’élaboration d’une science péyi, antillaise, populaire et décoloniale.

S’aimer la Terre. Défaire l’habiter colonial. Malcom Ferdinand, Ecocène Seuil, octobre 2024, 608p, 25€

«L’arbre monde», une exploration poétique et scientifique entre les branches

Le vers est dans le fruit. De la délicieuse girolle jusqu’au polypore champignon xylophage, rencontrez tous les êtres qui peuplent, de près ou de loin, les racines, les feuilles et les branches du grand chêne. Francis Martin, l’un des spécialistes mondiaux des forêts, décrit l’univers foisonnant des arbres dans un ouvrage à la fois poétique et précis. Au rythme des saisons et grâce à de magnifiques illustrations, vous apprendrez que la clavaire droite est un corail des forêts qui sent l’anis poivré, ou que la taupe facilite la vie de nombreuses plantes et d’animaux, papillons et champignons en aérant le sol.

L’arbre monde. Florian Gadenne, Francis Martin, Belin, novembre 2024, 185p, 29,90€

«Nomen», une plongée dans les mystères de l’origine des noms d’espèces

Noms d’oiseaux. Saviez-vous que le nom de la belette vient de «petite belle» ? Et que celui du babouin est lié à une vengeance contre une famille de banquiers nommée Baboin ? Ou encore qu’il existe un poisson Napoléon, un lézard Jésus-Christ… et même un serpent Tachymenoides harrisonfordi ? Podcasteur et naturaliste passionné, Marc Mortelmans nous emmène à la découverte de l’étymologie du vivant et de ses trésors cachés. Colibri porte-épée, vesse-de-loup, fourmi-panda, serpent pénis… ponctuée par les superbes illustrations de Jean Wollenschneider, cette cinquantaine de petits portraits de plantes et d’animaux saura ravir tous les curieux de nature et d’anecdotes croustillantes.

Nomen. L’origine des noms des espèces, Marc Mortelmans, Jean Wollenschneider, Éditions Ulmer, octobre 2024, 224p, 25€

«Ressources», une BD futuriste et pédago pour questionner notre rapport aux matières

Science friction. Vincent Perriot écrit des bédés de science-fiction ; Philippe Bihouix est ingénieur spécialisé dans les low-techs. Ils s’associent pour livrer Ressources : un défi pour l’humanité, récit foisonnant de notre rapport aux ressources et aux énergies. Un voyage spatio-temporel, du Moyen Âge jusqu’à nos futurs potentiels. Naviguant entre science-fiction et vulgarisation scientifique, les auteurs démontrent pas à pas le caractère illusoire de nos rêves de ressources infinies et l’infaisabilité de construire des colonies dans l’espace. Ils retracent l’histoire de notre rapport aux matières premières, qui a façonné les technologies que nous utilisons au quotidien. Ce récit dense, allégé par une pointe d’humour, permet aux lecteur·ices de comprendre les différents courants de pensées qui modèlent nos choix de société. Notre chronique en intégralité.

Ressources, un défi pour l’humanité, Philippe Bihouix, Vincent Perriot, Casterman, novembre 2024, 175p, 28€

Fake or not ? «S’adapter au changement climatique» sans se prendre la tête

Récit liant. La collection qui rappelle les faits et détricote les idées reçues, s’attaque au changement climatique avec la même recette efficace qu’elle a déjà appliquée aux énergies, à l’eau ou à la biodiversité. Grâce à des synthèses illustrées très pédagogiques, elle répond à toutes vos questions : Pourquoi la mer monte ? Comment se protéger des canicules ? On y trouve des chiffres éloquents, des exemples précis et des pistes de solutions concrètes. Le livre rêvé pour convaincre les esprits rationnels et avoir tous les arguments en tête en cas de débat houleux.

S’adapter au changement climatique, Fake or not?, Ilian Moundib, Tana éditions, novembre 2024, 14,90€, 119p

«Quand je serai grand·e je serai», une collection pour réinventer les super héro·ines

Solaire du temps. C’est une collection fort utile pour transmettre de nouveaux imaginaires à nos enfants, dès 3 ans. Dans la série «Quand je serai grand·e je serai», voici le ou la boulanger·e solaire ! Dans ce premier album qui en appelle d’autres, Julien Vidal, Loriane Montaner et Quentin Caillat racontent l’histoire vraie d’un boulanger normand équipé d’un four solaire. Une première du genre en Europe. Dans ses deux points de vente autogérés, les client·es de NeoLoco peuvent venir chercher leur pain à n’importe quelle heure et paient directement dans une boite à sous, un système basé sur la confiance mutuelle. Bien-sûr, on ne parle pas d’une baguette rassie en 24 heures, mais d’une belle miche artisanale qui se conserve dix jours au moins. Avec, en plus, à la fin du bouquin, tous les secrets de la fabrication du levain !

«Quand je serai grand·e je serai boulanger·e solaire», édité par Julien Vidal, décembre 2024, 32p., 15€

Apprendre à «Résister» avec la journaliste Salomé Saqué

Résiste, prouve que tu existes. Alors que l’influence de l’extrême droite sur le champ politique et médiatique grandit chaque jour, la journaliste de Blast Salomé Saqué livre un court essai percutant pour comprendre ses mécanismes d’emprise et y résister. Dans la lignée de l’écrivain Stéphane Hessel, elle enjoint chacun·e à sortir de l’indifférence et d’une prétendue «neutralité» pour s’engager et mener la bataille culturelle. Un objet d’utilité publique à mettre entre toutes les mains.

Résister, Salomé Saqué, Payot, octobre 2024, 144p, 5€

Avec «Champs de bataille», on explore l’histoire enfouie du remembrement en bédé

Les champs des partisans. Pour basculer dans «la modernité», la France – de Vichy, puis celle de l’après-guerre – s’engage dans une grande politique de remembrement. Rectification des cours d’eau, arasement des haies, concentration des terres : en quelques décennies, le paysage de vastes régions du nord et de l’ouest est méconnaissable. Dans cette enquête en bédé, la journaliste Inès Léraud raconte l’histoire de celles et ceux, paysan·nes, étudiant·es, politiques, qui s’y sont opposé·es, et fait rejaillir leur mémoire, enfouie sous les roues des tracteurs. Un travail saisissant et inédit pour comprendre l’héritage de ce grand mouvement méconnu qui, aujourd’hui encore, a laissé de profondes traces au fond des sillons, et des conflits pour des générations. Retrouvez ici notre interview d’Inès Léraud.

Champs de bataille, Inès Léraud, Pierre Van Hove, Éditions La revue dessinée et Delcourt, novembre 2024, 192 p., 23,75€

«I’m fine», Gaëtan Gabriele en bédé pour rire contre la fin du monde

Gaëtan d’agir. «Cette BD, on aurait préféré ne pas la faire, mais on voulait se marrer un peu» : l’irremplaçable chief lol officer de Vert Gaëtan Gabriele est à retrouver en bédé, croqué par le dessinateur Mdeuxpoints et préfacé par l’humoriste Guillaume Meurice. 128 pages dans le style qu’on lui connaît : impertinence, humour mais aussi une grande dose d’amour. Parce qu’il est trop tard pour être pessimiste et qu’il vaut mieux rire de la fin du monde. Le livre est en précommande juste là.

I’m fine, Gaëtan Gabriele, Mdeuxpoints, Editions Massot, janvier 2025, 128p, 21€

Avec «Péquenaude», Juliette Rousseau retisse un lien au paysage dévasté par l’exploitation agricole intensive

Dans son troisième ouvrage, Péquenaude, aux éditions Cambourakis, l’autrice Juliette Rousseau pose un regard doux, intense et parfois cru sur la campagne bretonne où elle a grandi. Un appel qui résonne comme un cri pour réclamer sa terre. L’autrice explore les replis d’une terre rendue stérile par l’exploitation agricole, par la violence intériorisée et les silences. Une terre exsangue où se mêlent les souvenirs de l’adolescence – la boîte de nuit, la cabane à frites, les accidents de voiture – et le présent d’une poétesse qui vit au rythme des saisons et de sa propre sensibilité. Des émotions aussi : la culpabilité d’être partie, la «futilité» de l’écrivaine. Par-delà la violence, l’absence et la dévastation du paysage, elle nous montre un chemin de crête pour renouer avec la terre : celui d’une poésie qui répare, dont elle a le secret et dont nous avons toutes et tous terriblement besoin. Notre chronique est à retrouver juste ici.

Péquenaude, Juliette Rousseau, Editions Cambourakis, septembre 2024, 120p, 16€

«Sortir des labos pour défendre le vivant» : les scientifiques se rebiffent

Science et conscience. Dans un vigoureux manifeste publié au Seuil, les Scientifiques en rébellion détaillent les raisons de leur passage à l’action et enjoignent leurs pairs à sortir d’une prétendue «neutralité» et désobéir avant qu’il ne soit trop tard. Quelle est la responsabilité de la science et de ses agent·es dans cet effondrement ? La neutralité en sciences est-elle seulement possible ? Quel est le rôle d’un·e scientifique dans un monde qui s’effondre ? Le mouvement Scientifiques en rébellion, qui compte 500 membres de toutes disciplines et constitue la branche française du mouvement international «Scientist rebellion», répond à ces questions en soixante pages ultra limpides. Pour elles et eux, il est temps de se mettre au boulot et de sortir des labos. Notre chronique.

Sortir des labos pour défendre le vivant, Scientifiques en rébellion, Seuil Libelle, novembre 2024, 72 p, 4,90€


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