Rien ne ressemble plus à une pièce de 2€ qu’une autre pièce de 2€. Idem pour deux bitcoins. Leur valeur est strictement la même. Au contraire, les NFT (pour « non-fungible tokens ») sont dits « non-fongibles ». Chacun de ces objets virtuels est unique, impossible à copier ou à falsifier et relié à un propriétaire.
Puisque chaque objet est unique, il possède un certain degré de rareté. Il peut s’agir d’un bonus unique dans un jeu vidéo, d’une carte virtuelle à collectionner, ou des droits sur une œuvre d’art numérique, sur laquelle il est possible de spéculer.
L’artiste Beeple a compris avant tout le monde l’énorme potentiel de ce nouveau marché parallèle. En mars, la maison d’enchères Christie’s a adjugé son œuvre Everydays: The First 5 000 days (un fichier jpg comportant une clé unique) à 69,3 millions de dollars (France 24).
Pour attester leur authenticité, les NFT reposent sur le principe de la blockchain (comme les cryptomonnaies). Chacune des œuvres et des transactions est vérifiée par une foule d’acteurs. Réalisés à l’aide de puissants ordinateurs, ces trillions d’opérations sont rémunérées en cryptomonnaies.
Cette activité nécessite la consommation de quantités phénoménales d’électricité, qui explose encore avec la ruée vers l’or des NFT. En moyenne, selon les plateformes et les œuvres, la création d’un seul NFT génère plus de 200kg de dioxyde de carbone (CO2), selon les estimations de l’artiste et ingénieur Memo Akten. L’équivalent de 2 000 kilomètres parcourus en voiture (à 100g/km).
Certains artistes, comme Beeple, promettent de compenser leurs émissions, en finançant la plantation d’arbres, par exemple (une véritable fausse bonne idée) D’autres sont plus raisonnables. Après y avoir vu une occasion en or, l’architecte Chris Precht a finalement abandonné le « cryptoart », lorsqu’il est s’est aperçu que la vente de trois de ses œuvres à 100 exemplaires chacune consommerait autant d’électricité qu’un Européen moyen en 20 ans (Instagram). Comme d’autres, il y avait vu une occasion en or. L’architecte Chris Precht a finalement abandonné le « cryptoart » lorsqu’il s’est aperçu que la vente de trois de ses œuvres, tirées à 100 exemplaires chacune, consommerait autant d’électricité qu’un·e Européen·ne moyen·ne en 20 ans (Instagram).
Cette nouvelle frénésie devrait encore alourdir le bilan des « cryptos ». Selon le spécialiste de la data Alex de Vries (Digiconomist), la consommation d’électricité liée à Ethereum, plateforme la plus utilisée pour les NFT, atteint déjà 37,5 terrawatts-heure par an. Soit davantage que la Bulgarie.