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«Michel Barnier et l’écologie : on marche sur la dette», la chronique de Loup Espargilière dans la Terre au carré

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Le rédacteur en chef de Vert revient sur le discours de politique générale du nouveau premier Ministre Michel Barnier. Au programme, pas d’avancées, mais plusieurs reculs. Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 2 octobre 2024.

Mathieu Vidard : Loup, vous avez suivi la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre, Michel Barnier, que faut-il en retenir ?

La première chose que je retiens, Mathieu, c’est que 1h23 de discours de Michel Barnier, c’est trop, hein. Même pour quelqu’un qui aime autant la douleur qu’un journaliste spécialisé sur l’écologie. 1h23, c’est presque aussi long qu’une chronique de Cyril Dion.

La prochaine fois, si ça vous va, je décrypterai plutôt la vidéo de Pesto, le bébé manchot géant de l’aquarium de Melbourne, qui affole TikTok ces jours-ci.

Bon, alors ce discours.

Tout d’abord, je dois quand même dire que malgré son phrasé qui fleure la naphtaline et les photos sépia, j’ai trouvé Michel Barnier bien plus «dans le coup» que Gabriel Attal sur l’écologie.

Gabriel Attal, je vous le rappelle, c’est notre ex-premier ministre pompidolien de 35 ans, qui célébrait la voiture individuelle et pourfendait «l’écologie punitive».

Ce mardi, Michel Barnier a repris une formule qu’il affectionne beaucoup : selon lui, nous aurions deux dettes à réduire, la dette financière et la dette écologique.

Et comment on règle cette dette écologique ?

Sur la dette financière, il a été très clair, plein de chiffres, pas de problème.

Sur la dette écologique, beaucoup moins.

Pour la faire simple, il veut absolument serrer la vis de la dépense, et il n’a pas annoncé de nouvelles mesures, ni de sous en plus pour la transition écologique.

Or, si l’on voulait être à la hauteur de la crise climatique, il faudrait investir jusqu’à 34 milliards d’euros supplémentaires d’argent public par an, comme l’avaient calculé les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz dans un rapport remis à Matignon l’an dernier.

Sinon, comme le dit le proverbe : «qui dans la poche a des oursins, finira comme un Boursin». 

Sur l’énergie, par exemple, il est dans la continuité d’Emmanuel Macron : il veut développer le nucléaire et les renouvelables. Au passage, il n’a pas pu s’empêcher de mettre un petit tacle aux éoliennes : spéciale dédicace à Xavier Bertrand et Stéphane Bern.

Il n’y a pas d’avancées, mais est-ce qu’il y a des reculs ?

Autre concession faite à la droite et à ses élus locaux : pour accélérer la construction de logements neufs, Michel Barnier veut «faire évoluer de manière pragmatique et différenciée» l’objectif de zéro artificialisation nette. En bon français, ça veut dire «faire moins bien».

Or, le «ZAN», pour les intimes, est censé permettre d’enrayer la bétonisation du pays, qui engloutit l’équivalent en terres d’un département français tous les dix ans.

Michel Barnier veut aussi «simplifier» le diagnostic de performance énergétique et «adapter le calendrier» qui interdit progressivement la location des logements les moins bien isolés. 

Un cadeau fait aux propriétaires bailleurs et pas aux locataires précaires, ni au climat.

Pour résumer : dans un gouvernement où il est coincé entre les droites LR et macronistes, et où il doit demander à Marine Le Pen l’autorisation d’aller faire pipi sous la douche, Michel Barnier nous dit, la main sur le cœur, qu’il faut payer notre dette écologique.

Le tout, sans nouvelles dépenses, mais avec d’importants reculs.

Je ne sais pas vous, mais j’ai l’impression qu’on marche sur la dette.

📻 Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct dans la Terre au carré.