Chronique

«L’iris blanc» : quand Astérix et Obélix découvrent le développement personnel et la frugalité

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Une case en plus. L’Iris blanc, 40ème album des aven­tures d’Astérix sor­ti ce jeu­di, place au cœur de son intrigue un nou­veau per­son­nage : Vicéver­tus, expert en développe­ment per­son­nel déter­miné à met­tre tout le monde au régime sec.

Dif­fi­cile de ne pas tomber dedans ! Avec ses cinq mil­lions d’exemplaires disponibles en 20 langues, le nou­v­el album des aven­tures du célèbre vil­lage gaulois est par­ti ce jeu­di à la con­quête des librairies. En 1961, le tirage du tout pre­mier album, Astérix le Gaulois, atteignait seule­ment les 6 000 exem­plaires, rap­pel­lent Les Échos.

Imag­inée par René Goscin­ny au scé­nario et Albert Uder­zo au dessin, la BD fran­co-belge est dev­enue au fil des décen­nies un clas­sique du 9ème art fran­coph­o­ne. Dans L’Iris blanc, on retrou­ve un duo d’auteurs inédit aux manettes, avec Didi­er Con­rad (dessins) et Fab­rice Caro, alias Fab­caro (texte). Auteur du très décalé et remar­qué Zaï zaï zaï zaï ou du bidon­nant roman-pho­to Gua­camole Vau­dou (avec Éric Judor), Fab­caro assure l’interim du scé­nar­iste Jean-Yves Fer­ri, par­ti tra­vailler à la suite de ses aven­tures du général de Gaulle.

L’arrivée de Fab­caro chez les irré­ductibles Gaulois donne à la BD un nou­veau per­son­nage, Vicéver­tus. Médecin-chef des armées de César, celui-ci con­va­inc l’empereur de suiv­re une nou­velle méth­ode, appelée «l’iris blanc», pour venir à bout de la démo­ti­va­tion des sol­dats romains et de l’irréductible vil­lage gaulois.

Asso­ciant bien­veil­lance, grandes sen­tences et régime à base de graines, Vicéver­tus est surtout un manip­u­la­teur de génie. Son empathie et ses con­signes diété­tiques (mangez moins de viande ! mangez local !) ser­vent des des­seins tor­dus. Astérix et sa troupe restent inter­dits devant la nou­velle méth­ode, mais les Gaulois bouf­feurs de san­gliers ont le cuir dur…

Une case extraite de L’Iris blanc. © Fab Caro, Didi­er Con­rad / Les Édi­tions Albert René

Si Vicéver­tus est presque de toutes les cas­es et qu’on adore le détester, un autre per­son­nage retient l’attention : Mimine, femme du chef Abrara­cour­cix. Sa ren­con­tre avec le gourou romain, qui provoque chez elle une pro­fonde remise en cause la con­duisant à délaiss­er un temps sa cam­pagne pour la grande ville, offre un écho par­ti­c­ulière­ment réus­si à la ques­tion très actuelle de la néo-rural­ité.

«L’Iris blanc», Fab­caro et Didi­er Con­rad, Édi­tions Albert René, oct. 2023, 48 pages, 10,50 euros