Les subventions publiques à l’agriculture ne permettent pas de réduire l’usage de pesticides

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Blé pub­lic et pro­duits chim­iques. En France, seul 1% des finance­ments publics alloués à l’a­gri­cul­ture con­tribue réelle­ment à réduire l’usage des pes­ti­cides, alerte la Fon­da­tion Nico­las Hulot (FNH). 

Lors du lance­ment du plan Eco­phy­to, en 2008, la France s’é­tait don­né pour objec­tif de divis­er par deux la con­som­ma­tion de pes­ti­cides en dix ans. Hélas, celle-ci a aug­men­té de 22% au cours de cette péri­ode (Com­mis­sari­at au développe­ment durable). Des don­nées par­tielles lais­sent entrevoir une baisse en 2019, mais celle-ci reste à con­firmer et ne rat­trapera pas, de toute façon, le retard accu­mulé. Au-delà de la ques­tion régle­men­taire (le gou­verne­ment s’est plusieurs fois refusé à inter­dire l’usage du glyphosate, par exem­ple), il s’ag­it avant tout d’une his­toire de gros sous. C’est le prin­ci­pal enseigne­ment d’un rap­port, pub­lié ce mar­di par le think tank de la Fon­da­tion Nico­las Hulot, qui inter­roge les raisons de ce cuisant échec.

Pul­véri­sa­tion de pes­ti­cides © Zeynel Cebe­ci

Chaque année, quelque 23 mil­liards d’eu­ros de sub­ven­tions ou d’al­lège­ments fis­caux sont octroyés à des exploita­tions, par la France (60%) ou par l’Eu­rope (40%). Seuls 11% de cette somme ont pour but de réduire les pes­ti­cides. Il s’ag­it prin­ci­pale­ment du « paiement vert » de la Poli­tique agri­cole com­mune (PAC) ; une enveloppe à laque­lle peu­vent pré­ten­dre, en réal­ité, presque toutes les exploita­tions, peu importe leur util­i­sa­tion des pes­ti­cides. 

Au final, seuls 220 mil­lions d’eu­ros (1% du total) per­me­t­tent effi­cace­ment de réduire le recours aux « phy­tos » : ce qui cor­re­spond, en qua­si-total­ité, aux aides à l’a­gri­cul­ture biologique. D’un mon­tant annuel de 71 mil­lions d’euros, le plan Eco­phy­to ne représente que 0,3 % des finance­ments publics attribués au secteur de l’alimentation. Celui-ci n’a donc « aucune emprise sur les leviers majeurs de l’utilisation des pes­ti­cides ».

Les finance­ments privés — prin­ci­pale­ment des prêts aux agricul­teurs et aux indus­tries ali­men­taires- ne sont pas en reste. D’un mon­tant de 19,5 mil­liards d’eu­ros par an, ils revi­en­nent en large majorité aux exploita­tions les plus gour­man­des : la con­som­ma­tion de ces dernières (qui représen­tent 9% des exploita­tions agri­coles) a aug­men­té de 55% en dix ans. 

La FNH pro­pose notam­ment de mul­ti­pli­er par cinq les aides au bio dans le cadre de la PAC, ou d’ap­pli­quer des malus sur les prix des pes­ti­cides et des ali­ments pro­duits en « con­ven­tion­nel ».