L'étude

Les salles d’escalade plus polluées que certaines autoroutes : «Les niveaux mesurés sont parmi les plus élevés jamais documentés dans le monde»

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Les doigts dans la prise. Une étude menée en France, en Autriche, en Suisse et en Espagne, identifie la présence de plusieurs substances toxiques dans l’air des salles d’escalade, à cause des chaussons des grimpeur·ses, qui s’érodent au contact des prises.

Dans les salles d’escalade, ces lieux où l’on vient se dépasser, transpirer, et affronter sa peur du vertige, on respire un air plus pollué… que celui de certaines autoroutes. C’est ce que révèle une étude récente menée par l’Université de Vienne et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), publiée le 24 avril dans la revue Environmental science and technology air, et identifiée par le média Vertige. En cause : les chaussons d’escalade, dont les semelles en caoutchouc, en s’usant contre les prises, libèrent dans l’air des substances similaires à celles présentes dans les pneus de voiture.

«La pollution de l’air y était plus élevée que prévu», affirme Thilo Hoffmann, co-auteur de l’étude. Avec l’équipe de la professeure Lea Ann Dailey, il a prélevé des échantillons d’air dans cinq salles viennoises. Mais aussi dans d’autres salles en France, en Espagne et en Suisse. «Les niveaux que nous avons mesurés sont parmi les plus élevés jamais documentés dans le monde, comparables aux routes à plusieurs voies des mégapoles», alerte-t-il.

Un mur d’escalade à l’école Polytechnique, en mai 2015. © Flickr

Pour comprendre l’origine de cette pollution, les chercheur·ses ont analysé la composition de trente paires de chaussons d’escalade. Résultat : quinze additifs chimiques, utilisés pour améliorer la résistance du caoutchouc, ont été identifiés. Parmi eux, le 6PPD, un antioxydant bien connu de l’industrie automobile.

S’il n’est pas encore établi qu’il représente un danger direct pour l’être humain, ce composé a été associé à la mort de centaines de saumons aux États-Unis en 2020. Après de fortes pluies, les scientifiques avaient découvert que le ruissellement de particules issues des pneus de voiture – contenant du 6PPD – empoisonnait les cours d’eau.

«Ces substances n’ont rien à faire dans l’air que nous respirons»

«Les semelles de chaussons d’escalade sont conçues pour offrir des performances comparables à celles des pneus de voiture», explique Anya Sherman, co-autrice de l’étude et chercheuse au Centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux (CeMESS) de l’Université de Vienne. Il n’est donc pas surprenant d’y retrouver les mêmes composants.

Mais «ces substances n’ont rien à faire dans l’air que nous respirons», insiste Thilo Hofmann. Et encore moins dans des lieux fréquentés par des enfants ou des publics sensibles. Pour lui, il est urgent d’agir, sans attendre que tous les effets sanitaires soient connus. Il appelle les exploitant·es de salles à renforcer la ventilation, améliorer le nettoyage et promouvoir des chaussons conçus avec moins d’additifs chimiques.

Anya Sherman, qui pratique elle-même ce sport, entend bien «continuer à grimper». Et se dit «convaincue que nos recherches contribueront à améliorer les conditions dans les salles d’escalade».

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