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 Les pétrogaziers veulent mettre du CO2 sous le tapis

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Pas d’car­bo. Plusieurs géants du pét­role et du gaz vien­nent de créer un con­sor­tium pour opér­er des pro­jets de cap­tage et de stock­age de CO2 (CSC) en mer du Nord. De quoi s’ag­it-il exacte­ment ?

Dans le Nord de l’An­gleterre, les pôles indus­triels de Teesside et de Hum­ber représen­tent près de 50 % des émis­sions de gaz à effet de serre d’o­rig­ine indus­trielle du pays. Or, une poignée de majors pétrogaz­ières – dont BP, Total et Shell – se sont engagées à gom­mer l’in­té­gral­ité de ces émis­sions via l’en­trée en ser­vice d’i­ci à 2026 de deux impor­tants pro­jets de CSC.

Il s’a­gi­ra de capter, en sor­tie de chem­inée, le C02 émis par les indus­tries puis de le trans­porter par pipeline jusqu’à des cav­ités géologiques au fond de la mer. Les pétroliers sont en pre­mière ligne, car ils maîtrisent la tech­nolo­gie – proche de l’ex­trac­tion de gaz naturel – mais aus­si parce qu’ils espèrent verdir leur pro­pre bilan car­bone en trai­tant les émis­sions d’autres secteurs. Une stratégie qui irrite forte­ment les ONG, comme le racon­tent les Échos.

Zone indus­trielle de Teesside dans le Nord-Est de l’An­gleterre © Flickr / Lee Roberts

Dévelop­pé de façon mar­ginale depuis les années 1990, le CSC revient en force alors que les pays peinent à attein­dre leurs objec­tifs cli­ma­tiques. Une trentaine de pro­jets de ce type ont été annon­cés ces trois dernières années, selon l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie. Cette dernière estime que le CSC pour­rait assur­er 4 % des réduc­tions d’émis­sions néces­saires d’i­ci à 2030, 15 % d’i­ci à 2070.

Les organ­i­sa­tions envi­ron­nemen­tales restent scep­tiques, car ces tech­nolo­gies sont extrême­ment coû­teuses – jusqu’à 150 euros par tonne de CO2 cap­tée –, éner­gi­vores, et que les zones prop­ices au stock­age sont lim­itées. En juil­let dernier, l’A­gence de la tran­si­tion énergé­tique a émis une note indi­quant que seules trois zones s’y prê­tent en France : à Dunkerque (Nord), Le Havre (Seine-Mar­itime) et Lacq (Pyrénées-Atlan­tique). Le poten­tiel serait d’environ 24 mil­lions de tonnes de CO2 par an sur les 107 mil­lions émis­es par le secteur indus­triel. L’a­gence recom­mande d’opter en pri­or­ité pour d’autres solu­tions et d’en­vis­ager une relo­cal­i­sa­tion des indus­tries aux émis­sions incom­press­ibles vers ces trois zones.