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Les océans se réchauffent jusqu’à huit fois plus vite qu’il y a 40 ans

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Gros bouil­lon. Les océans n’ont jamais été aus­si chauds qu’en 2021, selon une nou­velle étude. Pire, le rythme de réchauf­fe­ment s’ac­célère.

L’an­née 2021 fut la cinquième année la plus chaude jamais enreg­istrée en ce qui con­cerne la tem­péra­ture atmo­sphérique (Vert). Mais dans les océans, l’an­née dernière s’est hissée sur la pre­mière marche du podi­um, selon une étude pub­liée mar­di dans la revue Advances in Atmos­pher­ic Sci­ences. Jusqu’à 2 000 mètres de pro­fondeur, les océans ont absorbé au moins 14 zetta­joules de plus qu’en 2020, soit 14 000 mil­liards de mil­liards de joules, une unité qui sert à quan­ti­fi­er l’én­ergie et la chaleur. Ce qui équiv­aut à 145 fois la pro­duc­tion mon­di­ale d’électricité de l’an­née 2020. Selon les sci­en­tifiques, aucune vari­a­tion cli­ma­tique naturelle comme La Niña n’est en cause. C’est bien le change­ment cli­ma­tique d’o­rig­ine anthropique qui en est respon­s­able.

L’évo­lu­tion de la chaleur dans les océans depuis les années 1950, exprimé en zetta­joules. © Advances in Atmos­pher­ic Sci­ences

Et le phénomène s’ac­célère. Entre les péri­odes 1958–1985 et 1986–2001, le rythme de l’augmentation moyenne annuelle des tem­péra­tures des océans a été mul­ti­plié par huit. Ce réchauf­fe­ment touche plus forte­ment les océans Atlan­tique et Aus­tral, mais le Paci­fique Nord a aus­si con­nu une aug­men­ta­tion « spec­tac­u­laire » de la chaleur depuis 1990 et la Méditer­ranée a enreg­istré un record de tem­péra­ture l’an dernier.

Or, les océans sont indis­pens­ables pour lim­iter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Selon l’Or­gan­i­sa­tion météorologique mon­di­ale, un organe de l’ONU, ils ont stocké 93 % de l’excédent de chaleur généré par les activ­ités humaines et con­stituent de grands puits de dioxyde de car­bone. Mais leur réchauf­fe­ment lim­ite leur effi­cac­ité à pom­per du car­bone, aug­mente les risques de cyclones trop­i­caux intens­es, accélère la fonte des calottes glaciaires con­tribuant à l’élé­va­tion du niveau des mers et affecte la bio­di­ver­sité marine.

« Jusqu’à ce que nous atteignions des émis­sions nettes nulles, leur réchauf­fe­ment se pour­suiv­ra et nous con­tin­uerons à bat­tre des records de con­tenu ther­mique des océans, comme cette année  », a déclaré au Monde le cli­ma­to­logue améri­cain Michael E. Mann, directeur du Earth Sys­tem Sci­ence Cen­ter de l’université d’Etat de Penn­syl­vanie et coau­teur de l’é­tude.