Les « incendies zombies » des forêts polaires

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Feu forêt. Dans les forêts boréales, des incendies peu­vent cou­ver tout l’hiv­er sous la neige avant de se réveiller au print­emps ; des « incendies zom­bies » qui pour­raient se dévelop­per à cause du réchauf­fe­ment cli­ma­tique.

Dans la plu­part des régions du globe, les incendies sont générale­ment can­ton­nés à une seule sai­son. Mais dans les forêts boréales arc­tiques, il arrive que des feux renais­sent de leurs cen­dres une fois l’hiv­er passé. Pour la pre­mière fois, une étude – pub­liée mer­cre­di dans Nature – recense et analyse les caus­es de ces « incendies zom­bies », apparus entre 2002 et 2018 en Alas­ka (Etats-Unis) et dans les ter­ri­toires du Nord-Ouest (Cana­da).

Ceux-ci ont trois prin­ci­paux fac­teurs : des étés par­ti­c­ulière­ment chauds, la sur­v­enue de vio­lents incendies et le brûlage de la terre en pro­fondeur, par­fois jusqu’à 30 cen­timètres. Rich­es en matières organiques, les sols vont entretenir la flamme sous le man­teau neigeux avant que le feu ne se propage au print­emps.

Pas­sant au crible 54 zones grâce à des satel­lites, des cap­teurs et des algo­rithmes, les sci­en­tifiques révè­lent que ce phénomène est plutôt mar­gin­al : les incendies zom­bies représen­tent en moyenne 0,8% de toutes les sur­faces incendiées dans les régions étudiées. Avec toute­fois des pics : en 2008, de vio­lents incendies nés au print­emps avaient atteint 38% des sur­faces brûlées en Alas­ka.

Si l’é­tude manque de recul pour estimer l’évo­lu­tion de ce phénomène, ses auteur·rice·s esti­ment que les incendies zom­bies sont voués à se mul­ti­pli­er sous l’ef­fet du réchauf­fe­ment. En libérant le CO2 et le méthane con­tenus dans les sols, ils risquent de con­tribuer, en retour, à l’aug­men­ta­tion des tem­péra­tures.