En quête d’opinion. Les Français·es font de l’environnement leur deuxième priorité, mais seul·es six sur dix approuvent le consensus scientifique sur les crises climatiques, révèle une large étude annuelle réalisée par Ipsos-Sopra Steria.
Pour 34 % des Français·es, la protection de l’environnement constitue l’un des sujets les plus préoccupants de notre époque. C’est même la deuxième priorité des personnes interrogées, loin derrière le pouvoir d’achat (54 %), mais devant l’avenir du système social (26 %) ou encore l’immigration et la délinquance (18 % chacune). Ces données sont tirées de la dixième édition de « Fractures françaises », une enquête d’opinion annuelle menée par Ipsos-Sopra Steria pour le compte du Monde, de la Fondation Jean Jaurès et du Centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof). Cette année, 12 044 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la société française, ont répondu à ce baromètre.
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Malgré une grande préoccupation pour les thématiques environnementales, seul·es 61 % des personnes interrogées savent que le changement climatique est lié aux activités humaines. Ce qui signifie que près de quatre personnes sur dix n’ont pas conscience du consensus scientifique qui établit très clairement son origine anthropique (humaine). Parmi ces individus, 16 % présument que le changement climatique est « principalement dû à un phénomène naturel, comme la Terre en a toujours connu », 8 % jugent qu’il n’existe pas, 8 % également qu’on ne peut pas savoir et 7 % ne se positionnent pas. Ces chiffres inquiétants soulignent l’importance capitale des efforts de pédagogie sur l’ensemble des enjeux écologiques.
Les climatosceptiques sont particulièrement nombreux·ses parmi les sympathisant·es de l’extrême droite. Par exemple, seul·es 35 % des soutiens à Reconquête ! croient à l’origine anthropique du dérèglement climatique tandis qu’un quart d’entre eux pensent que ce dernier n’existe pas. Il existe aussi un clivage générationnel sur la question puisque les personnes âgées (plus de 60 ans) sont globalement un peu moins nombreuses (51 %) à associer la crise climatique aux activités humaines que les autres (66 %).
À l’heure où l’on demande sans cesse aux Français·es des efforts individuels pour enrayer la crise énergétique, il est intéressant de noter qu’elles et ils sont de moins en moins prêt·es à le faire. 69 % des répondant·es estiment que le gouvernement doit prendre « des mesures rapides et énergétiques pour faire face à l’urgence environnementale, même si cela signifie de demander aux Français de modifier en profondeur leurs modes de vie », un pourcentage en forte baisse depuis l’année dernière (82 %). Par ailleurs, sept Français·es sur dix jaugent qu’elles et ils font déjà assez d’efforts et que c’est majoritairement aux entreprises ou à l’État d’agir.
Les sondeur·ses ont interrogé les participant·es sur leurs croyances vis-à-vis des solutions à mettre en place pour limiter le changement climatique. Le baromètre souligne que les Français·es attendent de vraies modifications de la société. La plupart considèrent qu’il faudrait en priorité modifier les modes de production des entreprises (38 %) ou les modes de vie (30 %) pour y arriver, tandis que 14 % des panélistes jugent que le progrès technique et les innovations scientifiques permettront d’enrayer les crises. Enfin, une personne sur dix estime que l’on ne peut plus rien faire pour limiter le dérèglement climatique.
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