C’est pas du pipi de chat. Les urines et excréments des chiens menacent l’équilibre de la biodiversité dans les espaces naturels, selon une récente étude britannique.
On les pensait naturelles et inoffensives, mais les déjections canines déséquilibrent les écosystèmes en les sur-fertilisant. Une situation qui favorise la multiplication de certaines espèces végétales mais appauvrit la biodiversité globale. Publiée dimanche 6 février dans la revue britannique Ecological solutions and evidence, l’étude a été menée pendant 18 mois dans plusieurs espaces naturels autour de Gand, en Belgique. Des chercheur·ses ont analysé la terre de forêts, de prairies ou de zones humides pour estimer l’impact des chiens sur les écosystèmes périurbains.
En faisant leurs besoins, les chiens sécrètent de l’azote et du phosphore, des nutriments qui viennent fertiliser les sols. Or, la surreprésentation de ces deux nutriments dans ces écosystèmes nourrit certaines espèces invasives, comme les orties, et en chasse d’autres.
Cette sur-fertilisation, constatée surtout près des sentiers, atteint des niveaux d’azote et de phosphore illégaux dans l’agriculture. Selon les chercheur·es, les déjections canines sécrètent chaque année quelque 11 kg d’azote et 5 kg de phosphore par hectare. Des niveaux équivalents à la pollution atmosphérique liée à l’agriculture, l’industrie et au trafic routier (entre 5 et 25 kg d’azote estimés).
Or, le problème reste un angle mort des politiques publiques. « Les apports atmosphériques d’azote qui proviennent de l’agriculture, de l’industrie et du trafic routier reçoivent à juste titre beaucoup d’attention, mais les chiens sont entièrement négligés sur le sujet », regrette le chercheur et auteur de l’étude, Pieter de Frenne, auprès du Guardian. On dénombre pourtant 87 millions de chiens en Europe.
Les déjections des chiens sont plus problématiques que celles d’animaux non-domestiqués à cause de leur alimentation riche en protéines. D’autant qu’ils apportent aux écosystèmes naturels de nouveaux intrants tandis que d’autres animaux, comme les oiseaux ou les bovins par exemple, ingèrent et recyclent des nutriments déjà présents dans la nature.
Les auteur·rices de l’étude évoquent plusieurs mesures pour contrer cette pollution. Dans un premier temps, intégrer l’impact des déjections canines dans les plans de restauration des écosystèmes. Puis, sensibiliser les propriétaires de chiens sur le rôle « fertilisant » de leurs animaux pour les encourager à ramasser les excréments. Et enfin, imposer le port de laisses, voire bannir les chiens de certaines zones sensibles.