Décryptage

Le Japon lance un nouveau bateau-usine pour chasser encore plus de baleines

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Mau­vaise baleine. Le pays insu­laire entend boost­er la con­som­ma­tion de viande de baleine, en dégringo­lade depuis la fin du XXème siè­cle.

Avec ses 113 mètres de long et ses 9 300 tonnes, le Kangei Maru est le nou­veau mastodonte japon­ais de la chas­se à la baleine. Le bateau-usine peut cap­tur­er des cétacés pesant jusqu’à 70 tonnes et stock­er plus de 600 tonnes de viande directe­ment pré­parées et con­gelées au large. Inau­guré fin mars, le navire a embar­qué ce mar­di pour une pre­mière mis­sion de plusieurs mois au départ de Shi­mono­se­ki, prin­ci­pal port japon­ais de chas­se à la baleine, situé à l’ouest de l’archipel.

Avec la Norvège et l’Islande, le Japon est l’un des derniers pays au monde à chas­s­er ce cétacé. Cette pra­tique mil­lé­naire est présen­tée comme un héritage cul­turel et gas­tronomique très impor­tant pour les Japonais·es. D’après le gou­verne­ment, elle reflète «un car­ac­tère sim­i­laire à bien des égards à la chas­se aborigène pra­tiquée par les États-Unis, la Russie, le Groen­land et les peu­ples des Caraïbes». Alors qu’elle représen­tait 230 000 tonnes par an au début des années 1960, la con­som­ma­tion de viande de baleine a chuté à quelque 2 000 tonnes par an en 2020, selon l’ONG Whale and dol­phin con­ser­va­tion soci­ety. Le Japon a pour objec­tif d’atteindre 5 000 tonnes de viande de baleine con­som­mées par an.

Le navire-usine Kangei Maru quitte le port de Shimonoseki, à l’ouest du pays, pour sa première mission mardi 21 mai. © Masaki Akizuki / The Yomiuri Shimbun via AFP
Le navire-usine Kangei Maru quitte le port de Shi­mono­se­ki, à l’ouest du pays, pour sa pre­mière mis­sion mar­di 21 mai. © Masa­ki Akizu­ki / The Yomi­uri Shim­bun via AFP

En quit­tant la Com­mis­sion baleinière inter­na­tionale (CBI) en 2019, Tokyo a relancé la chas­se com­mer­ciale au cétacé après un mora­toire de plus de 30 ans. Le pays fait face aux cri­tiques de nom­breuses ONG et d’autres nations pour cette pra­tique jugée nuis­i­ble aux écosys­tèmes marins. «Nous deman­dons urgem­ment au gou­verne­ment japon­ais de s’ab­stenir d’é­ten­dre ses activ­ités de chas­se à la baleine. La pour­suite de la chas­se à la baleine par le Japon en fait un paria dans le monde dévelop­pé», a récem­ment dénon­cé Nico­las Entrup, directeur des rela­tions inter­na­tionales pour l’ONG Ocean care.

Début mai, les autorités ont ajouté le rorqual com­mun à la liste des cétacés autorisés dans le cadre de la pêche com­mer­ciale. Deux­ième plus gros mam­mifère marin de la planète der­rière la baleine bleue, il est con­sid­éré par l’Union inter­na­tionale pour la con­ser­va­tion de la nature (UICN) comme une espèce «vul­nérable». Autre­fois «en dan­ger», il avait repris du poil de la bête grâce aux inter­dic­tions inter­na­tionales de chas­se com­mer­ciale. Le rorqual com­mun pour­ra de nou­veau être chas­sé dans les eaux japon­ais­es, aux côtés de la baleine de Minke, du rorqual de Bryde et du rorqual boréal. 200 cétacés devraient être cap­turés par le Kangei Maru au nord-est du pays d’ici au mois de décem­bre.