Il est considéré comme le plus grand poisson du monde — jusqu’à 20 mètres de long ; il peut parcourir jusqu’à 12 000 kilomètres dans les eaux tropicales pour se nourrir ; le requin-baleine, qui préfère de loin le plancton aux humains, est menacé d’extinction, souligne l’ONU, qui publie ce lundi son premier rapport consacré aux espèces migratrices, basé sur le classement de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le requin-baleine est loin d’être le seul en danger : 97% des espèces de poissons étudiées sont menacées d’extinction par les activités humaines. Ce document, produit par la convention sur la Conservation des espèces migratrices (CMS) des Nations unies, a passé au crible 1 189 espèces prioritaires. Il constitue une base de discussion pour la 14ème conférence mondiale (COP14) sur les espèces migratrices qui se tient cette semaine en Ouzbékistan.
Toutes les espèces sont concernées
«L’un des constats-clés de ce rapport est le déclin des poissons, et notamment des requins et des raies», souligne Kelly Masch, autrice principale du rapport. Les populations des espèces de poissons étudiées ont chuté de 90% depuis 1970. La menace principale est la surexploitation, qui concerne la quasi-totalité des espèces listées par la convention. La surpêche comme la pêche accidentelle sont mises en cause.
«Les autres inquiétudes concernent la pollution — notamment plastique -, les résidus des activités agricoles, ainsi que les modifications des habitats, comme les barrages», ajoute Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la CMS.
Oiseaux, mammifères, reptiles : sept espèces migratrices sur dix sont menacées par la surexploitation et trois sur quatre par la destruction des habitats.
«Jaguars, lions, chimpanzés, tortues de mer, dauphins, grandes baleines, lions… L’idée que nous pourrions perdre ces espèces est un véritable signal d’alarme», alerte Amy Fraenkel.
Essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes, les espèces migratrices peuvent aussi représenter une source de nourriture pour les humains et un attrait touristique. «Certaines espèces luttent contre les parasites, transportent des nutriments et contribuent à l’atténuation du réchauffement climatique et au piégeage du carbone», complète Amy Fraenkel.
«Il y a de l’espoir, souligne Kelly Malsch. Ce déclin n’est pas inévitable. La conservation et la restauration des espèces et de leurs habitats sont possibles. Un excellent exemple est l’antilope de Saiga». Il y a une vingtaine d’années, il n’en restait que 50 000 individus au Kazakhstan. Aujourd’hui, la population est estimée à 1,3 million d’individus, grâce au partenariat entre des ONG et le gouvernement du Kazakhstan.
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