Le Groenland a déjà fondu une première fois

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Bis repetita ? La calotte glaciaire du Groenland a déjà fondu intégralement lors du dernier million d’années, et la planète se rapproche actuellement des conditions climatiques d’alors

Rapportée par le Monde, l’histoire est savoureuse : en 1966, au nord-ouest du Groenland, des chercheurs de l’armée américaine creusent la calotte glaciaire près de leur base secrète de Camp Century. Prétextant effectuer des recherches, ils projettent d’enfouir des missiles sous la glace. Les carottes qui sont alors forées seront oubliées, jusqu’à leur redécouverte, en 2017, par une équipe étasunienne de scientifiques. Prélevées sur une profondeur de 1,4 kilomètre, ces carottes recèlent d’inestimables informations vieilles de plusieurs millions d’années. 

Comme les chercheur•se•s l’ont dévoilé dans une étude publiée lundi dans la revue PNAS, la présence de brindilles et de mousses dans les prélèvements a permis de déterminer que la glace du Groenland avait déjà fondu presque intégralement. C’était il y a un million d’années. La température d’alors était supérieure de 2,5°C à celle de l’ère préindustrielle (milieu du 19è siècle) et le niveau des mers, dix mètres plus haut.

Comme l’avait démontré une étude parue en août 2020 (Nature), la calotte glaciaire du Groenland fond actuellement à un rythme qui s’accélère depuis le début des années 2000 © Christine Zenino

Un autre épisode de réchauffement a attiré l’attention des scientifiques : le Groenland pourrait avoir en partie disparu il y a 400 000 ans. La température moyenne était alors comprise entre 1,5 et 2°C au-dessus de celle des années 1850. De quoi craindre que le monde se trouve actuellement au bord d’un « point de basculement », au-delà duquel la fonte de l’île serait irréversible. La planète est actuellement 1,2°C plus chaude que lors de la période préindustrielle et sur la trajectoire d’un réchauffement à 3 ou 4°C d’ici 2100. 

Reste à savoir à quelle vitesse la fonte se produira : « D’autres travaux, notamment de modélisation, sont nécessaires pour savoir s’il s’agit de cinquante ans ou de plusieurs milliers d’années », a indiqué au Monde Pierre-Henri Blard, glaciologue et co-auteur de l’étude.

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