L’Ouest, future mine d’or de la France ? C’est du moins ce qu’espère la société Breizh Ressources, basée à Lorient (Morbihan). D’après trois arrêtés publiés ce mercredi au Journal officiel (ici, là et là), elle vient d’obtenir l’autorisation de l’État pour lancer des campagnes d’exploration minière dans quatre départements.
Les trois permis, signés le 3 décembre par le ministre délégué à l’industrie Sébastien Martin, portent sur trois sites distincts : «Epona», dans le Morbihan, pour une durée de trois ans ; «Bélénos» dans le Maine-et-Loire, pour cinq ans ; et «Taranis», en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine, pour cinq ans également. Au total, ils couvrent plusieurs dizaines de communes sur environ 850 kilomètres carrés.
Un enjeu de souveraineté
«L’inventaire de notre sous-sol est une étape essentielle pour mieux connaître nos ressources», a réagi Jan-Pol Pallier, le directeur de Breizh Ressources. Avec son entreprise, il est en quête de minerais courants et de métaux stratégiques comme des terres rares, du platine, de l’argent, du cuivre ou encore de l’or… Des matériaux utiles dans certaines industries comme les transports, la téléphonie mobile et l’énergie éolienne.

«Ce projet est nécessaire à l’économie française et à sa souveraineté», assurait à Vert dans un précédent article Guillaume Mamias, géologue et responsable environnemental chez Breizh Ressources. Avec cette autorisation de prospection minière, l’État français tente de réduire sa dépendance à la Chine, dont la mainmise sur ces matériaux essentiels à l’économie génère de fortes tensions.
Cette perspective n’enchante pas tous les habitant·es des communes concernées. Certain·es ont entamé une mobilisation citoyenne. Le 29 novembre dernier, elles et ils étaient près de 200 dans les rues de Saint-Mars-la-Jaille (Loire-Atlantique) pour manifester contre le permis Bélénos. «On ne baissera pas les bras», assurait auprès de Vert le député Jean-Claude Raux (Les Écologistes).
Des risques environnementaux
Pour les manifestant·es, Breizh Ressources est surtout attirée par la possibilité de trouver de l’or. L’entreprise est une filiale d’Aurania Resources, société canadienne immatriculée aux Bermudes et dirigée par Keith Barron. Géologue et sosie spirituel d’Indiana Jones, il s’est fait connaître après un gros coup : la découverte en 2006 de la mine d’or équatorienne Fruta del Norte, revendue 1,2 milliard de dollars canadiens (environ 739 millions d’euros). Désormais, il a fait de «la Gaule» son nouvel Eldorado, selon ses prises de position publiques.
Fermement opposée au projet Epona, qui concerne la quasi-intégralité de sa commune, la maire de Kervignac (Morbihan), Elodie Le Floch, s’inquiète de «l’impact irrémédiable d’une potentielle future exploitation sur les sols, l’environnement et l’eau». Les géologues et ingénieurs de l’association Systext anticipent, en cas de passage de l’exploration à l’exploitation, une contamination des terres, une pollution des eaux et une stérilisation des sols.

De son côté, la préfecture du Morbihan se veut rassurante : «Cette procédure ne débouche pas sur un droit d’exploiter un gisement, mais uniquement sur l’exclusivité du droit à prospecter ce territoire.»
Dans le secteur minier et dans la grande majorité des cas, l’entreprise à l’origine des demandes de permis d’exploration n’a pas vocation à développer son projet au-delà de la phase de prospection. Le Code minier lui permet de vendre le permis ou la concession à un opérateur minier exploitant (une autre entreprise, donc).
«Toute ouverture éventuelle de mines sera conditionnée à l’obtention d’une concession minière et d’une autorisation environnementale pour la mise en œuvre des travaux d’exploitation», précise la préfecture du Morbihan. Et de souligner que seulement 5% des recherches débouchent sur une demande d’autorisation d’exploiter.