Et revoilà le changement d’heure… Deux fois par an, les mêmes rengaines : ciel, mon sommeil ! Zut, mon réveil ! Dormir une heure de plus ou de moins, à quoi ça sert ? Est-ce efficace ? Vert a mené l’enquête sur cette mesure écolo… mais pas trop.
Comment ça marche ?
Réintroduit en France en 1975, en plein choc pétrolier – après avoir duré de 1916 à 1944 –, le changement d’heure est l’une des plus vieilles politiques de sobriété jamais mise en œuvre. Le but, en avançant les pendules d’une heure chaque dernier dimanche de mars, est d’économiser de l’éclairage grâce à une heure d’ensoleillement en plus le soir. En revanche, le passage à l’heure d’hiver, simple retour à la normale, n’est pas censé générer d’économies.
Sa suppression, ce serpent de mer
À son entrée en vigueur, le changement d’heure était l’une des mesures de «chasse au gaspi» censées être provisoires. Elle s’est finalement généralisée à tous les pays de l’Union européenne (UE) dans les années 1980. D’autres pays comme le Canada, les États-Unis ou l’Australie y recourent également.
Pourtant, la mesure a toujours fait râler. On l’accuse de perturber le sommeil, les activités agricoles ou encore la circulation routière, jusqu’ici sans preuves formelles. En 2019, deux millions de personnes ont répondu à une consultation de l’Assemblée nationale : 60 % ont une «expérience négative ou très négative» du changement d’heure, et 84% veulent y mettre fin. Les pays de l’Union européenne s’étaient entendus pour y renoncer à compter de 2021, mais la pandémie de Covid a relégué la mesure au fond d’un carton bruxellois.
Quelles économies ?
La mesure étant ancienne, les études sur son impact ne sont pas non plus de première fraîcheur. En 2010, l’Agence de la transition énergétique (Ademe) a mis à jour pour la dernière fois son étude datant de 2007. Elle conclut que «le changement d’heure permet des économies en énergie et CO2 réelles, mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en œuvre».
En 2009, les économies sur l’éclairage ont représenté environ 440 gigawattheures (GWh), «soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages». Ce gain diminue d’année en année avec la généralisation progressive des lampes basse consommation, mais l’Ademe estime qu’il sera encore de 340 GWh en 2030.
À l’inverse, l’Ademe estime que les économies de climatisation – marginales en 2009 – pourraient atteindre 130 GWh d’ici à 2030 si le changement d’heure se maintient. L’explication est la suivante : lors du passage à l’heure d’été, les employé·es arrivent et repartent des bureaux une heure plus tôt, de sorte que la climatisation – davantage utilisée l’après-midi – peut être économisée. «Cet effet n’apparaît que dans les bâtiments possédant des systèmes de gestion automatique des températures», précise l’Ademe, car les particuliers n’adaptent pas suffisamment leurs comportements.
Au final, le maintien du changement d’heure permettrait d’économiser chaque année 70 000 à 100 000 tonnes de CO2, selon l’Ademe. C’est environ 0,02% des émissions de la France – qui se sont élevées à 385 millions de tonnes en 2023.
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Photo de couverture : Getty images/Unsplash