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Le changement climatique augmente le nombre d’urgences psychiatriques

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C’est fou. Aux États-Unis, les admis­sions à l’hôpital pour des urgences psy­chi­a­triques aug­mentent en moyenne de 8% lors des jours de fortes chaleurs. Une nou­velle preuve de l’impact du change­ment cli­ma­tique sur la san­té men­tale.

C’est ce que révèle une étude pub­liée mer­cre­di dans la revue médi­cale Jama Psy­chi­a­try. Pour arriv­er à ce résul­tat, des chercheur·ses en san­té publique de l’Université de Boston ont com­pilé les don­nées de près de 3,5 mil­lions de séjours à l’hôpital pour des trou­bles men­taux entre 2010 et 2019 aux États-Unis. Les jours les plus chauds (le top 5% de la décen­nie analysée) coïn­ci­dent avec une hausse des vis­ites aux urgences pour l’ensemble des motifs liés à la san­té men­tale (stress, anx­iété, schiz­o­phrénie, auto­mu­ti­la­tion, tox­i­co­manie, etc).

La base de don­nées util­isée par les sci­en­tifiques n’inclut pas les per­son­nes non-assurées. « Nous pen­sons que les chiffres trou­vés sont sous-estimés, car les indi­vidus les plus vul­nérables sont les moins sus­cep­ti­bles de se trou­ver dans cette base de don­nées et sont d’autant moins sus­cep­ti­bles d’être traités pour des trou­bles men­taux », a indiqué au Guardian Gre­go­ry Welle­nius, co-auteur de l’étude. 

Con­traire­ment aux impacts sur la san­té physique, les effets du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur la san­té men­tale sont encore mécon­nus. « Cette étude mon­tre à une échelle inédite que les vagues de chaleur peu­vent se réper­cuter forte­ment sur la san­té men­tale. Et cela ne s’ap­plique pas qu’à une petite par­tie, vul­nérable, de la pop­u­la­tion », insiste Gre­go­ry Welle­nius. C’est aus­si le cas « pour tous les âges étudiés, les femmes comme les hommes, dans toutes les régions du pays. Tout le monde est à risque. »

Les pop­u­la­tions sont par­ti­c­ulière­ment sen­si­bles dans le nord-ouest des États-Unis, où les admis­sions pour urgence psy­chi­a­trique con­nais­sent une hausse qui peut attein­dre 12% lors des canicules. Les tem­péra­tures y sont pour­tant moins élevées qu’ailleurs dans le pays. Cette vul­néra­bil­ité accrue pour­rait s’expliquer par des capac­ités d’adaptation moins dévelop­pées que dans le sud des États-Unis, où les habitant·es sont plus sou­vent confronté·es à des tem­péra­tures extrêmes. Les sci­en­tifique invo­quent aus­si des infra­struc­tures par­fois peu adap­tées — notam­ment moins pourvues en cli­ma­tiseurs — dans le nord-ouest du pays.

« Ces décou­vertes pour­raient aider le sys­tème de san­té à se pré­par­er et à ren­forcer les unités psy­chi­a­triques lorsque des vagues de chaleurs sont anticipées », jus­ti­fient les sci­en­tifiques. En mai dernier, une étude bri­tan­nique avait déjà souligné les impacts du change­ment cli­ma­tique sur la san­té men­tale. Les chercheur·ses avaient notam­ment iden­ti­fié des symp­tômes de trou­bles de stress post-trau­ma­tiques chez des vic­times d’incendies ou d’inondations, ain­si qu’une hausse du taux de sui­cide en cor­réla­tion avec l’augmentation des tem­péra­tures.