Le bois n’est pas une alternative viable aux fossiles, alertent 500 scientifiques

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Brûler du bois plutôt que du char­bon et du gaz ne résoudra pas le prob­lème cli­ma­tique, prévi­en­nent 500 sci­en­tifiques dans une let­tre aux dirigeant•e•s des Etats-Unis, d’Eu­rope, du Japon et de Corée-du-Sud. 

Alors que les nations du globe phos­pho­rent pour trou­ver com­ment pro­duire tou­jours autant d’élec­tric­ité en réduisant la part des éner­gies fos­siles, une solu­tion paraît tomber sous le sens : brûler le bon vieux bois de nos forêts. En Europe, par exem­ple, des dizaines de cen­trales au char­bon sont actuelle­ment con­ver­ties en cen­trales à bio­masse. 

Elle était la plus grande cen­trale à char­bon d’An­gleterre: la cen­trale à bio­masse Drax de Sel­by (North York­shire) engloutit chaque année 7,5 mil­lions de tonnes de bois qui vient à 80% des Etats-Unis © Drax

Hélas, il s’ag­it d’une fausse bonne idée, comme l’indiquent les sig­nataires de cette let­tre ouverte adressée, jeu­di, à Joe Biden, Ursu­la von der Leyen, Yoshi­hide Suga et Moon Jae-in. 

Lorsqu’il est arraché au sol, l’ar­bre relâche l’équiv­a­lent de la moitié de son poids en car­bone. De plus, sa com­bus­tion est moins effi­ciente que celle d’autres éner­gies, ce qui entraîne des émis­sions sup­plé­men­taires. « Dans l’ensem­ble, pour chaque kilo­watt-heure de chaleur ou d’élec­tric­ité pro­duite, le bois pour­rait ajouter deux à trois fois plus de car­bone dans l’air que les éner­gies fos­siles », indique la mis­sive. 

Si le bois est présen­té comme une énergie renou­ve­lable, puisqu’il est pos­si­ble de replanter des arbres qui stockeront à leur tour le CO2, la réal­ité est beau­coup moins sim­ple ; « La repousse demande un temps que le monde n’a plus pour résoudre le change­ment cli­ma­tique. Comme de nom­breuses études l’ont mon­tré, la com­bus­tion de ce bois va accroître le réchauf­fe­ment pen­dant des décen­nies, voire des siè­cles ». Ce qui est vrai, ajoutent-elles et ils, même si le bois brûlé rem­place du char­bon ou du gaz. 

Rien qu’en Europe, il existe 67 pro­jets de con­ver­sion de cen­trales à char­bon en cen­trales à bio­masse, selon un rap­port du think tank Ember paru en 2019. Pour les ali­menter en pel­lets — des billes de bois recon­sti­tué sou­vent issues des plan­ta­tions forestières du sud des Etats-Unis -, il faudrait couper 2 700 kilo­mètres car­rés de forêt chaque année. 

« Les arbres ont plus de valeur vivants que morts, à la fois pour le cli­mat et la bio­di­ver­sité, prévi­en­nent les sci­en­tifiques. Pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone […], vos gou­verne­ments devraient tra­vailler à préserv­er et restau­r­er les forêts, pas à les brûler »