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Le grand blabla des chefs d’État sur le climat

(Dis)cours toujours. Le sommet des leaders, qui s’est ouvert hier à Glasgow avec plus de 120 chef·fe·s d’État et de gouvernement, est l’occasion de vibrants discours en défense du climat. Hélas, les grands de ce monde nous ont habitué à des promesses sans lendemain. Tour d’horizon.
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« Les économies dévelop­pées doivent désor­mais con­tribuer à leur juste part, car le lead­er­ship exige l’exemplarité. »

- Emmanuel Macron, prési­dent français, novem­bre 2021

Les mâchoires ser­rées lors du dis­cours pronon­cé à l’ouverture de la COP26, le prési­dent français a appelé les lead­ers mon­di­aux à redonner une « pleine con­fi­ance à notre jeunesse », grâce aux « actions » et aux « résul­tats » dans la lutte con­tre la crise cli­ma­tique. Hélas, le prési­dent s’est gardé de rap­pel­er que son gou­verne­ment a été con­damné par la jus­tice française pour n’avoir pas respec­té les objec­tifs de baisse d’émis­sions qu’il s’est lui-même fixés (notre arti­cle sur l’Affaire du siè­cle). Un juge­ment que l’on peut qual­i­fi­er, lui, d’« exem­plaire ». 

Emmanuel Macron en 2017 lors de l’événe­ment Tech for Plan­et © Philippe Wojaz­er / AFP

« L’ampleur et la nature des cat­a­stro­phes naturelles dans cer­taines régions sont absol­u­ment sans précé­dent. Tout cela mon­tre encore une fois à quel point il est impor­tant de nous engager à l’avenir de manière pro­fonde et sys­té­ma­tique dans le pro­gramme cli­ma­tique et envi­ron­nemen­tal. »

- Vladimir Pou­tine, prési­dent russe, août 2021 (Le Monde)

Le prési­dent russe a récem­ment promis d’atteindre la neu­tral­ité car­bone d’ici 2060. Mais l’absence de Vladimir Pou­tine à la COP26 jette un voile sur la crédi­bil­ité de son action cli­ma­tique. Le 20 octo­bre dernier, le porte-parole du Krem­lin Dmitri Peskov annonçait que « mal­heureuse­ment, Pou­tine n’ira[it] pas à Glas­gow » tout en assur­ant que la prob­lé­ma­tique du change­ment cli­ma­tique reste « l’une des plus grandes pri­or­ités de sa poli­tique étrangère »

« Il nous faut pro­téger la nature et préserv­er l’environnement comme nous prenons soin de la prunelle de nos yeux. »

- Xi Jin­ping, prési­dent chi­nois, avril 2021 (Asi­a­lyst)

Grande absente de la COP26 elle aus­si, la Chine a déclaré en sep­tem­bre 2021 son inten­tion d’arrêter de financer des cen­trales à char­bon à l’étranger, très émet­tri­ces de CO2. Mais le pays, qui émet 26% du CO2 mon­di­al, reste accro au char­bon. Celui-ci représente 58% de sa con­som­ma­tion énergé­tique. Pire, il y aurait plus de 350 cen­trales à char­bon en con­struc­tion en Chine selon le rap­port Car­bon Track­er. « Lors de la seule année 2020, la Chine a mis en ser­vice à elle seule l’équivalent de trois fois l’énergie car­bonée de tous les autres pays de la planète », détaille France Info.

« Il est minu­it moins une sur l’horloge de l’apocalypse. Nous devons agir main­tenant. […] Les généra­tions futures ne nous par­don­neront pas si nous échouons. »

- Boris John­son, pre­mier min­istre bri­tan­nique, novem­bre 2021

Voilà des mois que Boris John­son façonne sa pos­ture de leader dans la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Le pays a même fait la promesse (unique au monde) de baiss­er de 78% ses émis­sions de CO2 d’ici 2035. Hélas, le plan pour y par­venir présen­té juste avant la COP est famélique et com­plète­ment sous-doté, même de l’avis de cer­tains con­ser­va­teurs (notre arti­cle à ce sujet). 

« Le Cana­da est dans un état d’urgence cli­ma­tique nationale. »

— Motion adop­tée le 17 juin 2019 par le Par­lement cana­di­en sur propo­si­tion du gou­verne­ment Trudeau (CTV News)

Dès le lende­main, le 18 juin 2019, le pre­mier min­istre cana­di­en Justin Trudeau approu­vait pour­tant l’extension d’un oléo­duc con­tro­ver­sé, le Trans Moun­tain. À terme, celui-ci devrait pou­voir trans­porter jusqu’à 890 000 bar­ils de pét­role par jour entre la province d’Alberta et celle de Colom­bie-Bri­tan­nique, con­tre 300 000 bar­ils à l’heure actuelle (TV5 Monde). Depuis, il n’a eu de cesse de soutenir des pro­jets fos­siles liés à l’ex­ploita­tion de sables bitu­mineux. Résul­tat : les émis­sions de CO2 nationales ont aug­men­té de 723 à 730 méga­tonnes entre 2015 et 2019 (Radio Cana­da), un cas de fig­ure unique par­mi les pays rich­es.