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“Affaire du siècle” : la justice invitée à condamner l’Etat pour son inaction climatique

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L’af­faire est enten­due ? Jeu­di, lors du procès de l’« Affaire du siè­cle », la rap­por­teuse publique a invité le tri­bunal admin­is­tratif à con­damn­er l’E­tat pour « carence fau­tive » dans sa lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique. 

Deux ans après le lance­ment de l’« Affaire du siè­cle » (détail­lée par Vert), l’E­tat s’est retrou­vé, jeu­di, devant le tri­bunal admin­is­tratif de Paris pour répon­dre des accu­sa­tions d’i­n­ac­tion cli­ma­tique portées par qua­tre ONG : Notre affaire à tous, Green­peace, Oxfam et la Fon­da­tion Nico­las Hulot. 

Jeu­di, des militant•e•s ont déployé une ban­de­role en bord de Seine pour rap­pel­er que 2,3 mil­lions de per­son­nes ont soutenu la péti­tion de l’Af­faire du siè­cle. © Green­peace

Chargée d’é­clair­er les juges, la rap­por­teuse publique Amélie Fort-Besnard a don­né rai­son aux requérantes. Elle a con­staté « la carence de l’État à adopter des mesures publiques con­traig­nantes », dont résulte « un sur­plus annuel d’émissions de gaz à effet de serre qui aggrave le préju­dice écologique »racon­te Reporterre

Elle a souligné le non-respect de la tra­jec­toire de réduc­tion des gaz à effet de serre que l’E­tat s’est lui-même fixée. En 2015, la France s’est promise de réduire de 40% ses émis­sions de CO2 d’i­ci 2030 par rap­port au niveau de 1990 (SNBC). Or, les émis­sions n’ont bais­sé que de 0,9% entre 2018 et 2019, alors que le rythme prévu est de 1,5% par an jusqu’en 2025 et 3% au-delà, comme l’a rap­pelé le Haut-Con­seil pour le cli­mat en juil­let dernier (rap­port).

La rap­por­teuse publique, dont les recom­man­da­tions sont générale­ment suiv­ies par les magistrat•e•s, a pro­posé que l’E­tat soit con­damné à vers­er 1 euro sym­bol­ique aux asso­ci­a­tions (sauf Notre affaire à tous, jugée trop jeune) en rai­son du préju­dice moral. Si elle a con­sid­éré qu’une large part de la pop­u­la­tion française était bien vic­time d’un préju­dice écologique, Amélie Fort-Besnard a rejeté l’idée d’une répa­ra­tion. Préférant laiss­er du temps à l’E­tat pour ajuster le tir.

Une con­damna­tion de l’E­tat pour un tel motif serait inédite en France et mar­querait un tour­nant dans la jus­tice cli­ma­tique. Réponse du tri­bunal d’i­ci une quin­zaine de jours.