Ça fera le bzzz. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé illégales les dérogations permettant l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes en Europe, au moment où la France s’apprêtait à les autoriser à nouveau en 2023.
Pour la troisième année consécutive, malgré les alertes des scientifiques et des associations, le gouvernement français envisageait une ré-autorisation partielle de ces insecticides, souvent appelés « tueurs d’abeilles » en raison de leur dangerosité pour le vivant. Le conseil de surveillance « néonicotinoïdes », qui devait se réunir ce vendredi pour rendre un avis, a décidé de reporter sa réunion au 26 janvier.
La CJUE était saisie par des ONG et un apiculteur à propos de six dérogations adoptées par la Belgique en 2018. Ce jeudi, la Cour les a jugées illégales. Interdits en plein champ et pour toutes les cultures depuis fin 2018 dans l’Union européenne et depuis 2016 en France, les néonicotinoïdes bénéficiaient depuis lors d’autorisations « exceptionnelles » dans onze pays de l’UE, afin de lutter contre le puceron vert responsable de la jaunisse de la betterave et limiter la baisse de rendement des betteraves .
Début décembre, lors de l’Assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves, le syndicat du secteur, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau avait annoncé leur réautorisation pour une année de plus sans même attendre que les données au sujet de l’infestation pour l’année 2023 ne soient publiées ni que le conseil de surveillance se soit prononcé, rapporte le Monde. Les ONG à l’origine de la requête avaient rappelé qu’« au lieu d’être pulvérisés sur la culture, [les néonicotinoïdes sont] préventivement appliqués sur les semences avant l’ensemencement, sans égard à la présence avérée ou non des insectes que ces produits visent à éliminer ».
« La Cour de Justice met les pouvoirs publics français devant leurs responsabilités : les néonicotinoïdes n’ont plus leur place dans nos champs et les dérogations systématiques octroyées par le gouvernement sont illégales au regard du droit européen », a réagi Nicolas Laarman, délégué général de l’ONG de protection des abeilles Pollinis. Le ministère de l’agriculture a annoncé que le gouvernement allait « expertiser les conséquences juridiques de cette décision en droit français et les conséquences pour la campagne de production qui s’ouvre ». La France décidera-t-elle de s’entêter malgré ce jugement ?
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