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La haie peut-elle devenir l’«incarnation de la planification écologique» ?

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Je vous haie. Qua­si­ment dis­parue des paysages français avec l’avènement de l’agriculture inten­sive, la haie a de nou­veau la côte pour répon­dre aux défis envi­ron­nemen­taux. Un rap­port recom­mande au gou­verne­ment de lancer un «pacte de la haie» pour la pro­téger.

Réten­tion des sols, effet brise-vent, pollini­sa­tion, stock­age de car­bone, régu­la­tion de l’eau… les haies offrent de nom­breux ser­vices écosys­témiques et per­me­t­tent aus­si une hausse des ren­de­ments agri­coles (notre arti­cle). Mal­gré ces nom­breux bien­faits, la dis­pari­tion des haies con­tin­ue — près de 15% du pat­ri­moine français a été arraché entre 2006 et 2021. Depuis 1950, 70 % des haies ont dis­paru des bocages français.

Pour invers­er la ten­dance, le gou­verne­ment a annon­cé, ce jeu­di, le lance­ment d’une con­sul­ta­tion pour aboutir à un «pacte en faveur de la haie». Béné­fique à l’agriculture, au cli­mat et à la bio­di­ver­sité, la haie pour­rait devenir l’«incar­na­tion de la plan­i­fi­ca­tion écologique», selon un rap­port du Con­seil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).

For­ma­tion des agriculteur·ices, inci­ta­tions finan­cières ou amélio­ra­tion des con­nais­sances ; l’agence mis­sion­née par le min­istère de l’agriculture pour planch­er sur des solu­tions appelle à ini­ti­er un «élan fédéra­teur» autours de ces clô­ture végé­tales qui pro­tégeaient jadis nos champs.

Inciter les agriculteur·ices à préserver les haies

«L’agriculteur perçoit sou­vent la haie comme une charge nette directe liée à la plan­ta­tion et à l’entretien, sans en voir les béné­fices», déplorent les auteur·ices du rap­port. Pour y remédi­er, elles et ils pré­conisent d’abord d’accompagner l’entretien des haies plutôt que de se con­cen­tr­er sur de nou­velles plan­ta­tions. Afin de traduire les béné­fices écologiques en intérêt économique pour les agriculteur·ices, le rap­port appelle égale­ment à dévelop­per les inci­ta­tions fis­cales pour préserv­er ces espaces naturels. Enfin, les auteur·ices insis­tent sur l’importance de la for­ma­tion auprès des pro­fes­sion­nels du milieu, comme du grand pub­lic.

«Le diag­nos­tique est encore meilleur que ce que l’on pen­sait», réag­it avec ent­hou­si­asme Bap­tiste San­son, de l’Association française arbres cham­pêtres et agro­foresterie (Afac-Agro­foresterie). Cet organ­isme qui regroupe des spé­cial­istes de l’arbre avait lancé l’«Appel de la haie» en févri­er dernier pour alert­er sur la sit­u­a­tion. «On espère que le gou­verne­ment va enfin pass­er à l’action avec une stratégie de long terme», aver­tit aujourd’hui le représen­tant de l’association auprès de Vert.

Au delà des mesures poli­tiques, «la per­cep­tion de la haie ren­voie à un vécu, à un con­texte géo­graphique et à une cer­taine image pro­fes­sion­nelle», rap­pelle le rap­port. «La haie per­met d’avancer avec une vision con­crète, sen­si­ble, elle donne à voir la tran­si­tion écologique», ajoute Bap­tiste San­son. Des arrachages aux réha­bil­i­ta­tions, la pro­tec­tion des haies se joue d’abord à l’échelle locale avec les col­lec­tiv­ités et citoyen·nes.