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La France a perdu 100 000 agriculteurs en dix ans

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Aigries cul­tures. Le dernier recense­ment décen­nal du min­istère de l’a­gri­cul­ture révèle la con­cen­tra­tion tou­jours plus forte des exploita­tions, dont plus d’un cinquième a dis­paru depuis 2010.

Ce ven­dre­di, le min­istre de l’a­gri­cul­ture Julien Denor­mandie a présen­té les con­clu­sions du dernier recense­ment agri­cole, mené tous les dix ans à la demande de l’U­nion européenne. Pre­mier con­stat : la France ne compte plus que 389 000 exploita­tions, con­tre 490 000 il y a dix ans. Le rythme annuel de la diminu­tion est de 2,3%.

L’él­e­vage con­naît le plus fort déclin (-31%), suivi par la poly­cul­ture ou le polyél­e­vage, qui com­bi­nent maraîchage et éle­vage. En revanche, les grandes cul­tures (notam­ment céréal­ières) con­nais­sent une forte crois­sance, suiv­ies par la viti­cul­ture.

Le lent déclin des exploita­tions et leur accroisse­ment, par décen­nie depuis 1970. © Min­istère de l’a­gri­cul­ture

Mal­gré cette baisse général­isée, la sur­face cul­tivée est restée la même, signe de l’a­gran­disse­ment des exploita­tions : elles se sont élar­gies de 14 hectares pour attein­dre 69 ha en moyenne. Les micro, petites et moyennes exploita­tions ont toutes con­nu un fort déclin. En revanche, on compte 2 000 grandes exploita­tions (un chiffre d’af­faires de plus de 250 000 euros ; 136 ha en moyenne) de plus qu’il y a dix ans. Ces dernières représen­tent désor­mais 40% de la sur­face agri­cole utile française.

« On est très loin de l’in­dus­tri­al­i­sa­tion galopante, con­traire­ment à ce que cer­tains voudraient nous faire croire en péri­ode élec­torale », s’est défendu Julien Denor­mandie, ven­dre­di matin. Se livrant à un véri­ta­ble sat­is­fecit à rebours des chiffres annon­cés, il a van­té les « spé­ci­ficités du mod­èle agri­cole français », « à taille humaine », « l’une des plus durables, si ce n’est la plus durable au monde ».

Prenant pour preuve le fait que le nom­bre d’agriculteur·rices de 40 ans est resté sta­ble, il a refusé de con­sid­ér­er que l’a­gri­cul­ture atti­rait moins qu’au­par­a­vant. Toute­fois, le min­istre estime qu’il faudrait pass­er de 14 000 à 20 000 nou­velles instal­la­tions par an pour enray­er la chute. Mal-être paysan, faibles rémunéra­tions, coût de l’in­stal­la­tion, démo­gra­phie vieil­lis­sante, aides de la poli­tique agri­cole com­mune (qui favorisent les plus grandes exploita­tions), ou ouver­ture à la con­cur­rence inter­na­tionale au tra­vers d’ac­cords de libre-échange comme le Ceta ; Julien Denor­mandie ne s’est pas risqué à étudi­er les caus­es de cette éro­sion.

Un point posi­tif : la part des exploita­tions en bio est passée de 3,7% à 12,1%.