Arrêt de jeu. «Une communication déloyale» : c’est par ces termes mesurés que la Commission suisse pour la loyauté (CSL) a donné raison à cinq associations européennes qui accusaient la Fédération internationale de football (Fifa) de greenwashing.
Non, la Coupe du monde de football 2022 ne peut pas se vanter d’avoir été «neutre en carbone», affirme clairement le tribunal suisse ce lundi, précisant que «les déclarations contestées auraient dû être abandonnées ou communiquées plus clairement». Si la juridiction helvète ne prononce aucune condamnation — sinon de «renoncer à l’avenir aux allégations contestées» -, sa décision pourrait ouvrir une brèche pour empêcher les prochains grands évènements sportifs de faire des promesses déraisonnables pour le climat.
La fédération de football croyait toujours dur comme fer avoir organisé un mondial sans impact sur le climat, misant à fond sur la compensation carbone. De nombreuses associations avaient démontré que l’évènement sous-évaluait largement son bilan carbone et était loin d’atteindre la compensation promise (Vert). Une performance qui a valu à la Fifa de trôner dans notre sélection des Kings du greenwashing en 2023 !
Pour siffler la fin de la partie, la Commission suisse pour la loyauté — garante du contrôle en matière de publicité — rappelle qu’il n’existe pour l’heure «aucune méthode généralement acceptée» pour estimer les émissions carbone d’un événement, ni pour contrôler leur «compensation» par les organisateurs. «Un message fort pour toutes les entreprises qui voudraient se prêter au greenwashing», applaudissent les associations requérantes — dont Notre affaire à tous en France — qui avaient d’abord déposé plainte dans leurs pays respectifs. Elles annoncent étudier «les suites qui pourraient être données à ce dossier devant d’autres juridictions».
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