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À mi-parcours, la COP28 peut encore bien se finir

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Le vert à moitié plein. Éner­gies fos­siles, finance­ments… à Dubaï, des options ambitieuses sont encore sur la table après sept jours de négo­ci­a­tions. Le meilleur est donc encore pos­si­ble, tout comme le pire, prévi­en­nent plusieurs obser­va­teurs.

À Dubaï, ce jeu­di, les négo­ci­a­teurs ont déserté l’Expo City pour une journée de trêve bien méritée, avant le retour des min­istres et des chef·fes d’État demain. Les négo­ci­a­tions tech­niques fer­ont place aux trac­ta­tions poli­tiques pour faire gag­n­er telle ou telle for­mule dans les textes en négo­ci­a­tions. Le plus impor­tant d’entre eux est le bilan mon­di­al («glob­al stock­take»), qui doit per­me­t­tre aux pays d’identifier col­lec­tive­ment des pistes d’amélioration de leur action cli­ma­tique. Un sec­ond doc­u­ment de tra­vail est sor­ti mer­cre­di. «Pour l’instant, le doc­u­ment de tra­vail a encore les ingré­di­ents pour quelque chose d’ambitieux», s’est félic­ité Gaïa Feb­vre, respon­s­able des poli­tiques inter­na­tionales au Réseau action cli­mat (RAC).

Impossibles fossiles

Le main­tien, notam­ment grâce à l’Union européenne, d’une phrase clé sur la sor­tie des éner­gies fos­siles dans ce texte sus­cite l’espoir des asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales. Celle-ci prévoit «une sor­tie juste et coor­don­née des éner­gies fos­siles», même si aucune date n’est men­tion­née. «On est soulagé de vous dire qu’après sept jours de négo­ci­a­tions, cette men­tion a survécu», a ain­si expliqué Gilles Arnaud, du WWF France. Si elle fait même «fig­ure de favorite», selon lui, «il y a en face des adver­saires red­outa­bles», a‑t-il prévenu.

La Chine, l’Inde et le groupe des pays arabes souhait­ent active­ment sa sup­pres­sion et mili­tent pour le main­tien d’une autre phrase sur l’augmentation «sub­stantielle» du recours aux tech­nolo­gies de Cap­tage et stock­age du car­bone (CCS), extrême­ment coû­teuses et embry­on­naires, que beau­coup, comme Gaïa Feb­vre, qual­i­fient de «mirage tech­nologique». Les Émi­rats arabes unis, qui prési­dent la COP28, pour­raient jouer un rôle clé dans un sens ou dans l’autre.

 © Joe Thwait­es, tra­duc­tion par Vert

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La ques­tion cru­ciale des finance­ments est égale­ment au cœur du bilan mon­di­al. La COP a démar­ré sur une immense vic­toire diplo­ma­tique avec la créa­tion d’un fonds dédié aux pertes et dom­mages irréversibles liés aux cat­a­stro­phes cli­ma­tiques (notre arti­cle). Mais celui-ci reste grave­ment sous-doté, rap­pelle Fan­ny Petit­bon, de l’ONG Care France. Les con­tri­bu­tions volon­taires des pays dévelop­pés atteignent 655 mil­lions de dol­lars : «des cac­ahuètes» com­parée aux besoins estimés par des experts indépen­dants à 580 mil­liards de dol­lars par an d’ici à 2030. Idem pour le fonds sur l’adaptation au change­ment cli­ma­tique, qui atteint pénible­ment 160 mil­lions de dol­lars par an, alors que 387 mil­liards sont jugés néces­saires par les Nations unies.

What the COP ?

À mi-par­cours, les obser­va­teurs s’alarment plus que jamais des parades et des diver­sions qui se main­ti­en­nent dans les textes en négo­ci­a­tions. «Il y a beau­coup de green­wash­ing et de dis­trac­tions dan­gereuses», s’inquiète Khaled Kabroub, de Pow­er­Shift Africa. Judith Lach­nitt, spé­cial­iste du cli­mat et de sou­veraineté ali­men­taire chez Sec­ours Catholique-Car­i­tas, s’inquiète notam­ment du texte con­sacré aux crédits et marchés car­bone. En l’état actuel, il «laisse la porte ouverte à des activ­ités de géo­ingénierie, de fer­til­i­sa­tion des océans et des choses aus­si absur­des que de génér­er du crédit car­bone sim­ple­ment en renonçant à un pro­jet émet­teur».

Pho­to d’illustration : Le 4 décem­bre 2023 à la COP28 de Dubaï. © Andrea DiCen­zo / UNCC