Demandes de révision du recrutement, dénonciation aux autorités fédérales des étudiant·es étranger·es qui ne respectent pas les règles, interruption des programmes liés à l’inclusion… Harvard, la plus influente université des États-Unis, a refusé les réformes demandées par l’administration Trump, qu’elle a déclarées «illégales», lundi 14 avril. En réponse, le président américain a gelé 2,2 milliards de dollars (1,94 milliard d’euros) d’aide à la prestigieuse université.

La faculté, fondée en 1636 près de Boston (Massachusetts), est la première à s’opposer frontalement à la tentative de mise au pas du milieu universitaire : «Ni Harvard ni aucune autre université privée ne peuvent se laisser mettre sous tutelle par le gouvernement fédéral, a déclaré Alan Garber, son président. Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne devrait dicter ce que les universités privées peuvent enseigner, qui elles peuvent admettre et embaucher et quels domaines d’études et de recherches elles peuvent poursuivre.»
«Empêcher l’admission d’étudiants hostiles»
Dans une lettre adressée à l’établissement le 11 avril, les autorités fédérales avaient exigé une liste de changements qui auraient ouvert la porte à un contrôle sans précédent de Washington sur les activités de Harvard, raconte le New York Times. Parmi ces exigences :
👉 Mettre fin aux politiques de diversité dans le recrutement des élèves ou des profs et obligation de partager toutes les données d’embauche avec l’administration Trump – y compris les informations sur les candidat·es, classé·es par race et origine nationale ;
👉 Lancer un audit idéologique pour connaître les orientations des élèves et des profs, et garantir que tous les points de vue – y compris et surtout ceux de Trump – sont représentés.
👉 Dénoncer aux autorités fédérales les étudiant·es internationaux·les qui enfreindraient les règles.
Un ensemble de mesures qu’Harvard a rejetées et déclarées comme illégales. L’administration Trump accuse l’établissement de ne pas avoir lutté contre «l’antisémitisme», prétexte avec lequel il vise les mobilisations en soutien à la Palestine dans la foulée du 7-Octobre, et de ne pas favoriser «la diversité des points de vue», dont ceux des conservateurs.
«D’ici à août, l’université doit réformer son recrutement des étudiants internationaux, afin d’empêcher l’admission d’étudiants hostiles aux valeurs et aux institutions américaines, y compris les étudiants soutenant le terrorisme ou l’antisémitisme», a exigé l’État fédéral, raconte Le Monde.
La réponse de la direction d’Havard fait suite à une pression de ses étudiant·es et de son personnel, au cours des dernières semaines, pour s’opposer plus durement aux attaques de Donald Trump contre l’enseignement supérieur. En avril, plus de 800 membres du corps enseignant avaient signé une lettre exhortant l’université à «monter une opposition coordonnée à ces attaques antidémocratiques».
Harvard n’est pas la première université prise pour cible par l’administration Trump. Celle de Columbia, à New York, qui s’était un temps opposée aux réformes voulues par le président, avait été obligée de céder, après que le président avait menacé de supprimer 400 millions de dollars (352 millions d’euros) de subventions fédérales. Depuis, selon le New York Times, le département d’études du Moyen-Orient de Columbia a été placé sous surveillance et une force de sécurité composée de 36 «agents spéciaux» habilités à arrêter et à expulser des personnes du campus a été créée.
À lire aussi
-
Boycott des produits américains : quelles sont ces entreprises qui soutiennent Donald Trump ?
Boycotter obscur. En réponse à la politique d’extrême droite de Donald Trump, des Français·es emboîtent le pas à leurs voisins des pays du nord de l’Europe et appellent au boycott de produits américains. Quelles entreprises ont affiché leur soutien au milliardaire ? Vert fait le point. -
«Féminisme», «LGBT», «pollution»… voici les 120 mots que l’administration Trump a bannis des sites gouvernementaux
Supprime time. Le président des États-Unis poursuit sa bataille contre les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion, comme le révèle le très sérieux New York Times. Ses journalistes ont débusqué des dizaines de termes que le gouvernement veut voir disparaître de tout document officiel. Vert les a listés et traduits.