Portrait

En Allemagne, le « chancelier du climat » qui n’aimait pas les écologistes

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La cli­mata­tion. Le suc­cesseur d’An­gela Merkel, Olaf Scholz, n’a jamais porté les écol­o­gistes dans son cœur. Il vient de pren­dre la tête d’un gou­verne­ment de coali­tion ambitieux sur le sujet, se rangeant finale­ment au principe de réal­ité.

Le nou­veau gou­verne­ment est entré offi­cielle­ment en fonc­tion ce mer­cre­di, après l’in­tro­n­i­sa­tion d’O­laf Scholz par les député·es du Bun­destag. Les Verts, qui ont récolté près de 15% aux lég­isla­tives (Vert), héri­tent de porte­feuilles impor­tants dont le super-min­istère réu­nis­sant économie et pro­tec­tion du cli­mat (Robert Habeck), ain­si que ceux des affaires étrangères (Annale­na Baer­bock), de l’en­vi­ron­nement (Stef­fi Lemke), de l’a­gri­cul­ture (Cem Özdemir) et de la famille (Anne Spiegel). L’ac­cord de coali­tion gou­verne­men­tale offi­cial­isé fin novem­bre fait aus­si une large part à la con­ver­sion écologique du pays (Vert).

Dans ce con­texte, le surnom de « chance­li­er du cli­mat » colle déjà à la peau du social-démoc­rate Olaf Scholz. Une cocasserie au regard de son par­cours : « il s’est opposé pen­dant toute sa car­rière aux écol­o­gistes », racon­te ain­si le cor­re­spon­dant de l’Ex­press à Berlin, Christophe Bour­doiseau. Epris de jus­tice sociale, l’homme a longtemps con­sid­éré que l’en­vi­ron­nement allait à l’en­con­tre de ses idéaux. Comme maire de Ham­bourg, il a batail­lé pour que la con­struc­tion de loge­ments soci­aux ne souf­fre d’aucune con­trainte d’ordre envi­ron­nemen­tal, ren­du le sta­tion­nement auto­mo­bile gra­tu­it, s’est opposé à la réin­tro­duc­tion du tramway et a inau­guré une cen­trale à char­bon en 2015.

L’ex-ministre des Finances d’Angela Merkel a été cri­tiqué pour son sou­tien au char­bon, comme ici lors d’une man­i­fes­ta­tion devant le Reich­stag en mars 2020 © Flickr/ Cam­pact

Plusieurs fois min­istre sous Merkel, il a ardem­ment défendu la général­i­sa­tion du salaire min­i­mum (finale­ment inter­v­enue en 2015) et a d’ailleurs fait cam­pagne sur sa prochaine reval­ori­sa­tion de 9,50 à 12 euros de l’heure. Comme min­istre des Finances et vice-chance­li­er dans le gou­verne­ment sor­tant, il a égale­ment lancé en 2019 un plan de 100 mil­liards d’eu­ros à l’hori­zon 2030 pour adapter l’é­conomie alle­mande au change­ment cli­ma­tique. Mais il a aus­si été de ceux qui se sont opposés à une sor­tie rapi­de du char­bon. Comme nou­veau chance­li­er, il a souligné la respon­s­abil­ité his­torique de l’Alle­magne dans le change­ment cli­ma­tique et défendu le devoir d’ex­em­plar­ité de son pays dans la tran­si­tion écologique (AFP).

Sa récente évo­lu­tion sur le cli­mat reste essen­tielle­ment prag­ma­tique : son par­ti n’ayant rem­porté que 25,5% des voix aux élec­tions, il doit impéra­tive­ment com­pos­er avec les libéraux (11,5%) et les Verts (15%). Du reste, le cli­mat arrive régulière­ment en tête des préoc­cu­pa­tions avancées par les Allemand·es, plus encore depuis les inon­da­tions meur­trières de cet été.