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Écologie : la Chine ne fait pas les choses à moitié, pour le meilleur comme pour le pire

Sous le feu des critiques pour ses Jeux olympiques d’hiver qui s'annoncent parmi les moins verts de l'histoire, la Chine s'est pourtant lancée dans une révolution verte à marche forcée. Comment envisage-t-elle d’atteindre la neutralité carbone en 2060 ? Que penser de cette mue écologique ? 
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Les Jeux sont tout verts ? Ce ven­dre­di, Pékin a inau­guré en grandes pom­pes ses jeux olympiques d’hiver. Hélas, con­traire­ment à l’édition esti­vale de 2008, l’ambiance n’est plus à la fête. Out­re les cri­tiques sur la ges­tion san­i­taire de la pandémie et les agisse­ments du régime de Xi Jin­ping, ces Jeux sont déjà con­sid­érés comme les moins écologiques de tous. Dans les régions qui entourent la cap­i­tale, il neige si peu; à tel point que l’ensemble de la com­péti­tion se déroulera sur de la neige arti­fi­cielle faite de quelque 185 mil­lions de litres d’eau

La céré­monie d’ouverture s’est tenue ce ven­dre­di à Pékin. © Wang Zhao / AFP

Pour le par­ti com­mu­niste chi­nois (PCC), cet événe­ment reste pour­tant une occa­sion de com­mu­ni­quer sur la supéri­or­ité de son sys­tème poli­tique, tout autant qu’une façon de s’adresser à sa pop­u­la­tion — en témoigne l’affiche des JO où la mas­cotte Shuey Rhon Rhon s’élance dans un ciel blanc sur lequel est inscrit le slo­gan « ensem­ble pour un futur partagé ». S’il est dif­fi­cile de ne pas voir ici une référence aux nom­breux épisodes de pol­lu­tion de l’air que con­naît le pays, c’est surtout une occa­sion par­faite pour se pencher sur la manière dont la Chine s’est don­née pour ambi­tion de relever le défi écologique mon­di­al.

« Ensem­ble pour un avenir en com­mun » : l’une des affich­es offi­cielles des JO de Pékin.

Un éveil au vert

Nathalie Basti­nal­l­li se sou­vient par­faite­ment de son instal­la­tion en Chine : cadre dirigeante pour un groupe de com­mu­ni­ca­tion inter­na­tion­al, elle tra­vaille dans le mar­ket­ing sportif. Nous sommes en 2005, trois ans avant les JO de 2008, et c’est dans ce pays où elle débar­que avec mari et enfants qu’elle prend con­science des prob­lèmes liés à la pol­lu­tion. Les vagues de brouil­lard tox­ique se suc­cè­dent sans trêve, les tem­pêtes de sable arrivées tout droit du désert de Gobi recou­vrent régulière­ment les rues de la cap­i­tale, les avions ne peu­vent plus cir­culer, et les mal­adies res­pi­ra­toires mon­tent en flèche. « A l’époque le pre­mier réflexe mati­nal n’est pas de regarder la météo mais l’indice de la qual­ité de l’air », se sou­vient celle qui reste mal­gré tout, encour­agée par les « primes de pol­lu­tions » que les multi­na­tionales pro­posent alors à leurs cadres expa­triés pour plusieurs années.

De retour en France, en 2011, elle prend le temps d’approfondir sa com­préhen­sion des enjeux écologiques avant de retourn­er en Chine, en 2015, pour lancer la pre­mière édi­tion d’un événe­ment (We Belong To Change) des­tiné à pro­mou­voir les inno­va­tions durables auprès des consommateur·rices chinois·es : « je suis con­va­in­cue qu’on ne peut résoudre la ques­tion envi­ron­nemen­tale que si la Chine et les Chi­nois s’impliquent et si le reste du monde col­la­bore avec elle » explique-t-elle, « je veux agir au cœur du réac­teur dans cet empire où tout est ques­tion d’échelle ». Aus­si la pandémie lui donne-t-elle l’occasion de pren­dre du recul et de partager par écrit son vécu d’une réal­ité de ter­rain trop sou­vent occultée par les batailles idéologiques et stratégiques entre la Chine et l’Occident. 

Les étapes d’un revirement 

Dans Quand la Chine s’éveille verte… (pub­lié aux édi­tions de l’Aube fin 2021), l’entrepreneuse revient sur l’histoire d’un revire­ment. Plusieurs événe­ments expliquent pourquoi la deux­ième économie mon­di­ale, qui devient le pays le plus pol­lueur au monde en 2007, engage une révo­lu­tion verte à marche for­cée. Il y a tout d’abord l’airpocalypse : en jan­vi­er 2013, un nuage intense en par­tic­ules fines (993 micro­grammes par mètre cube — un seuil 40 fois supérieur à celui estimé à risque pour la san­té par l’OMS) enveloppe la ville pen­dant près de trois semaines. On ne voit pas à un mètre, tout est à l’arrêt, la vie se fige, les patients souf­frant d’affections res­pi­ra­toires afflu­ent dans des hôpi­taux sur­chargés. « C’est un élec­tro­choc pour les dirigeants du pays qui ne peu­vent plus nier les rav­ages envi­ron­nemen­taux ni les risques pour la san­té publique », analyse l’auteure pour qui cet épisode sonne le glas de la poli­tique de crois­sance à tout prix. Dépassé par cette pol­lu­tion étouf­fante, mis au pied du mur par le dés­espoir et la colère de son peu­ple (on dénom­bre alors 500 man­i­fes­ta­tions par jour), le PCC doit s’engager dans une guerre con­tre la pol­lu­tion.

Vue de Pékin, en mai 2013, lors de l’épisode d’« air­poca­lypse » © Trey Rat­cliff

Dès 2014, le gou­verne­ment mar­que la fin de son déni envi­ron­nemen­tal en pub­liant des infor­ma­tions sur la pol­lu­tion de l’eau et des ter­res : 80% des eaux souter­raines peu pro­fondes sont pol­luées, 40% des riv­ières chi­nois­es le sont grave­ment et 20% le sont à un niveau trop tox­ique pour per­me­t­tre le moin­dre con­tact. Le pou­voir recon­naît aus­si l’existence de « 450 vil­lages du can­cer » et fait le point sur l’état de ses sols : dans ce pays qui utilise le plus de pro­duits chim­iques au monde, 16% des ter­res et 19% des sur­faces agri­coles sont pol­luées. On retrou­ve des pol­lu­ants tox­iques (cad­mi­um, mer­cure, arsenic, chrome, plomb) dans 82,8% des échan­til­lons prélevés. La pol­lu­tion de l’air a des effets sur la pho­to­syn­thèse et sur la pollini­sa­tion, qui doit donc être effec­tuée à la main !

En 2015, le film Under the Dome de Chai Jing ajoute à la bru­tal­ité de cette prise de con­science : en dénonçant l’épais brouil­lard tox­ique qui embrume les villes du pays, la jour­nal­iste dénonce les entre­pris­es pol­lu­antes et le lob­by chi­nois de l’énergie. Comme le rap­pelle sur France Cul­ture Jean-Paul Maréchal, maître de con­férence en Sci­ences économiques à l’Université Paris Saclay et directeur de l’ouvrage La Chine face au mur de l’environnement (CNRS édi­tions), on compte alors 1,6 mil­lion de morts par an à cause de la pol­lu­tion. En 2021, une étude de la revue Envi­ron­men­tal Research estime à 3,9 mil­lions le nom­bre annuel de morts pré­maturées liées aux par­tic­ules fines pro­duites par les éner­gies fos­siles.

Les ambitions affichées pour faire changer le cap

Afin d’imposer son revire­ment, la Chine com­mence par ren­forcer son dis­posi­tif lég­is­latif pour oblig­er les entre­pris­es pol­lu­antes et les grands groupes publics à pub­li­er leurs émis­sions de CO2 et leurs rejets dans les riv­ières. Les pol­lu­tions sont désor­mais pas­si­bles de sanc­tions de prison, et même de peines cap­i­tales. Si des amendes records ont déjà été infligées, mar­quant ain­si l’entrée du pays dans l’ère des pol­lueurs-payeurs, les bureaux locaux de pro­tec­tion de l’environnement ne trans­fèrent pas toute l’information et les entre­pris­es sont encore loin de respecter les normes envi­ron­nemen­tales. 

Les cen­trales élec­triques (qui fonc­tion­nent majori­taire­ment au char­bon et représen­tent 30% des émis­sions du pays) et les indus­tries pol­lu­antes (ciment, aci­er, alu­mini­um, chimie et pétrochimie) sont soumis­es au marché car­bone et doivent pay­er des « droits à pol­luer » depuis juil­let 2021. Mais les amendes prévues pour les entre­pris­es qui dépassent les quo­tas sont encore trop bass­es pour être dis­sua­sives en rai­son des pres­sions du lob­by du char­bon pour que le prix de la tonne de CO2 reste au plus bas. 

Con­scient des failles dans l’application locale de sa volon­té écologique, le prési­dent Xi Jin­ping donne nais­sance au CEIT (Cen­tral envi­ron­ment inspec­tion team) en 2015 : face à un min­istère de l’écologie qui rechigne à faire appli­quer les lois, cette struc­ture mar­que un vrai change­ment. « Les enquêtes de ter­rain du CEIT peu­vent se pro­duire aus­si bien de jour que de nuit et les fonc­tion­naires locaux n’en sont plus infor­més à l’avance. Qui plus est, dans les provinces les cadres dirigeants du par­ti qui n’atteignent pas leurs objec­tifs envi­ron­nemen­taux sont désor­mais sanc­tion­nés », souligne Nathalie Bas­tianel­li. « Des lignes de télé­phone sont mis­es à dis­po­si­tion du pub­lic pour qu’il puisse facile­ment dénon­cer des cas de pol­lu­tion ou de non-respect de la lég­is­la­tion et apporter des preuves qui sont alors ren­dues publiques ».

Pho­to de famille de l’ONG Friends of nature

De sur­croît, les ONG envi­ron­nemen­tales ne sont plus muselées comme aupar­a­vant. Elles béné­fi­cient d’une marge de manoeu­vre plus large que celles qui s’occupent des ques­tions sociales ou socié­tales, et sont offi­cielle­ment au nom­bre de 4 000. Par­mi les plus con­nues : Friends of nature, Bet­ter blue, Chi­na retail sus­tain­able con­sump­tion plat­form, CYCAN, IPE, River­watch­er. « Une révi­sion de la loi sur la pro­tec­tion de l’environnement entrée en vigueur début 2015 leur per­met désor­mais d’intenter des procès d’intérêt pub­lic con­tre des entre­pris­es et des organ­ismes pol­lueurs, alors qu’elles ne pou­vaient aupar­a­vant que deman­der des dom­mages et intérêts pour des préju­dices per­son­nels. » Même si les lit­iges restent coû­teux et com­pliqués à men­er, les ONG ont plus une grande lib­erté d’action. D’autant que le mieux, d’après les militant·es, n’est pas tant de man­i­fester que de col­la­bor­er avec le gou­verne­ment.

Un géant des renouvelables, du nucléaire… et du charbon

Autre élé­ment-clef : le con­cept de « civil­i­sa­tion écologique », inscrit dans la con­sti­tu­tion en 2018. Son objec­tif : créer l’harmonie entre les humains et la nature et réaf­firmer l’objectif de neu­tral­ité car­bone pour 2060. En fix­ant la part des éner­gies non fos­siles à 20% de son mix énergé­tique d’ici 2025, cette stratégie hisse le pays au rang de pre­mier investis­seur mon­di­al dans les éner­gies bas-car­bone (100 mil­liards de dol­lars par an). Aujourd’hui, la Chine est le plus gros pro­duc­teur mon­di­al d’énergie solaire (32% du parc mon­di­al, mais seule­ment 2,5% de la pro­duc­tion totale d’électricité du pays), d’énergie éoli­enne (40% du total mon­di­al, 5,4% de la pro­duc­tion du pays) et hydraulique (27,2% du total mon­di­al, avec des bar­rages dont les dégâts envi­ron­nemen­taux sont mas­sifs). Elle a placé le nucléaire au cœur du pro­gramme de tran­si­tion énergé­tique. Actuelle­ment au 3ème rang mon­di­al, avec 5% de la pro­duc­tion totale du pays, elle souhaite dou­bler sa capac­ité d’ici 2035. Mais 58% de son élec­tric­ité vient encore du char­bon.

L’évolution du mix énergé­tique de la Chine entre 1990 et 2019, en pour­cent­age du total. Le pays compte tou­jours large­ment sur le char­bon et le pét­role. © Agence inter­na­tionale de l’énergie / tra­duc­tion par Vert

Pour amélior­er son bilan car­bone, lut­ter con­tre la déser­ti­fi­ca­tion et le manque d’eau, la Chine a aus­si prévu de refor­ester 25% du ter­ri­toire nation­al d’ici 2025. Le « drag­on jaune » avale 3 000 km² de ter­res cul­tivables chaque année, men­ace 27% du ter­ri­toire et a déjà provo­qué le déplace­ment de 400 mil­lions de per­son­nes. Pour lut­ter con­tre le désert de Gobi, une large muraille verte de 4 800 km de long et 1 500 km de large est en cours de plan­ta­tion dans le nord du pays. En cinq ans, elle a replan­té l’équivalent de la sur­face de la Fin­lande (338 000 km²) et pos­sède la plus grande forêt arti­fi­cielle du monde avec plus de 65 mil­liards d’arbres. Hélas, la rapid­ité de ces plan­ta­tions, effec­tuées en mono­cul­tures, nuit aux sols et à la bio­di­ver­sité. Pour l’heure, la stratégie ne fonc­tionne pas partout et le nord de la Chine a encore essuyé une énorme tem­pête de sable en mars 2021. Comme le souligne encore à juste titre Jean-Paul Maréchal sur France Cul­ture, « la Chine fait ain­si feu de tout bois » : mal­gré des plans quin­quen­naux volon­taristes, accom­pa­g­nés d’engagements crois­sants à l’échelle inter­na­tionale, la Chine a mis de nou­velles cen­trales à char­bon en 2020, pour un total de 38,4 gigawatts de nou­velles capac­ités. Soit plus du triple de ce que l’ensemble des autres pays ont dévelop­pé.

Des contradictions majeures

Pour Nathalie Bas­tianel­li, le cap ambitieux annon­cé par le gou­verne­ment s’accompagne d’initiatives portées par de nom­breux entre­pre­neurs engagés. Aujourd’hui, « la Chine ne veut plus être l’usine du monde mais le lab­o­ra­toire du monde », explique-t-elle. Le pays souhaite pass­er d’une économie indus­trielle à une économie de l’innovation et de la tech­nolo­gie. Dans cette quête, il s’inspire des inno­va­tions occi­den­tales pour ali­menter ses pro­pres inno­va­tions tech­nologiques, de l’habitat aux modes de trans­port, en pas­sant par la pro­tec­tion de l’air, de l’eau, le zéro déchet ou la mode recy­clée. Alors que le pays ne dis­po­sait pas de TGV en 2008, son réseau fer­rovi­aire à grande vitesse représente deux tiers des réseaux de TGV au monde. Des entre­pris­es comme Soho ou Broad expor­tent partout dans le monde leurs inno­va­tions en ter­mes d’immobilier et de cli­ma­ti­sa­tion. Le marché de la voiture élec­trique n’est pas dom­iné par Tes­la (qui pour­tant y écoule un quart de sa pro­duc­tion) et d’immenses cités vertes et bas car­bone — telles Shen­zhen, font fig­ure de mod­èle pour le reste du monde.

Si chaque inno­va­tion est l’occasion de se posi­tion­ner sur un marché inter­na­tion­al, de maîtris­er sa dépen­dance aux impor­ta­tions et de lim­iter la pol­lu­tion dans les cen­tres urbains, les effets de change­ment de cap ne se font pas encore sen­tir. La Chine reste le plus gros émet­teur de CO2  (28 % des émis­sions mon­di­ales). En cause, « les con­tra­dic­tions du gou­verne­ment chi­nois qui veut vrai­ment dévelop­per une crois­sance plus qual­i­ta­tive pour l’environnement, et en même temps main­tenir des objec­tifs de crois­sance élevés », estime Nathalie Bas­tianel­li. 

Passion surconsommation

Alors que la con­som­ma­tion ne représente que 40% du pro­duit nation­al brut chi­nois (con­tre 65% en France et 70% aux Etats-Unis), le gou­verne­ment fait tout pour stim­uler cette frénésie con­som­ma­trice. En 40 ans, le PIB par tête a été mul­ti­plié par 16 et un événe­ment comme le Black Fri­day y est désor­mais très atten­du. Le 11 novem­bre 2019, les Chinois·es ont dépen­sé pas moins d’un mil­liard de dol­lars en 78 sec­on­des ! Une évo­lu­tion qui n’est pas sans con­séquence, d’autant que les habi­tudes ali­men­taires ont aus­si énor­mé­ment changé : avec 1,4 mil­liard d’habitant·es, la Chine est désor­mais au pre­mier rang des car­ni­vores, ce qui a des con­séquences sur ses appro­vi­sion­nements inter­na­tionaux et génère de nom­breux scan­dales san­i­taires. Si le gou­verne­ment fait la pro­mo­tion du végé­tarisme depuis 2016, la ten­dance ne s’inverse pas encore.

Xi Jin­ping à Davos (Suisse), lors du forum économique mon­di­al de 2017. © WEF

A ce nou­v­el opi­um du peu­ple qu’est la con­som­ma­tion, il faut ajouter une autre préoc­cu­pa­tion. Comme l’a détail­lé Le 1 Heb­do cette semaine, l’ultra-numérisation des échanges et des trans­ac­tions est telle que l’innovation verte s’accompagne d’une inno­va­tion beau­coup plus som­bre. Digne d’Orwell ou des meilleurs épisodes de Black Mir­ror, le développe­ment de l’intelligence arti­fi­cielle s’est alliée à la stratégie « zéro Covid », au point qu’il est impos­si­ble de se déplac­er ou de faire un quel­conque achat sans pass­er par les appli­ca­tions des géants chi­nois Wechat ou Aliba­ba. Si cet essor du numérique a incon­testable­ment des effets en ter­mes de pol­lu­tion numérique, ce n’est pas tout : les Chinois·es dis­posent d’un crédit social dont le mon­tant dépend de leurs agisse­ments — y com­pris en matière de com­porte­ments écore­spon­s­ables.

La con­som­ma­tion d’électricité par habitant·e a été mul­ti­pliée par 10 en trente ans. AIE / tra­duc­tion par Vert

Dif­fi­cile, enfin, de ne pas soulign­er les con­tra­dic­tions dans les objec­tifs affichés à tra­vers les « nou­velles routes de la soie ». Cette stratégie dévelop­pée depuis 2013 con­siste à ériger un ensem­ble ten­tac­u­laire d’infrastructures por­tu­aires, fer­rovi­aires et ter­restres per­me­t­tant à l’empire du milieu de s’approvisionner en matières pre­mières et d’ex­porter mas­sive­ment ses pro­duits. Pour les nom­breux pays con­cernés par ces investisse­ments, cette cein­ture économique est un piège qui a « encour­agé la dépen­dance aux com­bustibles fos­siles dans les pays en développe­ment et l’investissement dans des pro­jets d’infrastructures nuis­i­bles à l’environnement », d’après un rap­port du Groupe d’é­tudes géopoli­tiques. On lui reproche aus­si d’être une source d’endettements et de dégâts envi­ron­nemen­taux majeurs.

Si Xi Jin­ping s’est engagé, fin 2021, à ne plus financer de cen­trales à char­bon à l’étranger, sa vision d’une crois­sance de « haute qual­ité », avec l’environnement comme nou­v­el enjeu de supré­matie nationale et inter­na­tionale, a de quoi laiss­er songeur.