La bonne idée

Du papier toilette à 300 dollars ? Une fausse boutique en ligne alerte sur l’envolée des prix en cas de crise mondiale de l’eau

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Eau sec­ours. Créé à l’initiative du gou­verne­ment néer­landais, un mag­a­sin fic­tif dévoile des pro­duits du quo­ti­di­en devenus inabor­d­ables à cause des con­séquences du dérè­gle­ment cli­ma­tique sur les ressources en eau.

Cinq grains de riz pour 89,95$ (82€), un fla­con de 15 mil­li­l­itres d’eau potable (une cuil­lère à soupe) pour 198$ (soit 180€), une tranche de pain de mie pour 239$ (217€), 28 feuilles de papi­er toi­lette pour 299$ (ou 272€), ou encore un minus­cule steak de bœuf (35g) pour la mod­ique somme de 2 899$ — ou 2 640€… Non, ceci n’est pas le dernier épisode de Black Mir­ror : il s’agit d’un faux site de e‑commerce, appelé «The Drop store» («le mag­a­sin de la goutte»), lancé par le min­istère néer­landais des affaires étrangères.

Cette ini­tia­tive, dévelop­pée avec l’aide de l’agence de com­mu­ni­ca­tion Pub­li­cis à l’occasion de la dernière Con­férence des Nations unies sur l’eau en mars (notre arti­cle), vise à mon­tr­er l’impact d’une crise mon­di­ale de l’eau sur le coût des pro­duits du quo­ti­di­en. Les prix sont sour­cés et déter­minés à par­tir du nom­bre de litres néces­saires à la pro­duc­tion des dif­férents arti­cles.

Dans cette bou­tique dystopique, le seul pro­duit abor­d­able est l’eau non traitée du robi­net. Pour 1,99$ (1,80 euro), vous avez droit à près de 60 cen­til­itres d’un liq­uide brunâtre, «éventuelle­ment con­t­a­m­iné par des débris, des pro­duits chim­iques nocifs, des pro­duits phar­ma­ceu­tiques, des engrais et des excré­ments», prévient la fiche pro­duit.

D’après l’Organisation météorologique mon­di­ale, cinq mil­liards d’humains n’auront pas un accès suff­isant à l’eau pour rem­plir leurs besoins pen­dant au moins un mois par an en 2050 — dont déjà 3,6 mil­liards aujourd’hui. «La crise de l’eau affecte tout et tout le monde. […] Les pro­duits que l’on utilise, les vête­ments que l’on porte, la nour­ri­t­ure que l’on mange», alerte le site. Ce dernier se veut péd­a­gogique et détaille les con­séquences de trois grands enjeux liés aux ressources en eau : les sécher­ess­es (trop peu d’eau), les inon­da­tions (trop d’eau) et les pol­lu­tions (eau trop sale). Pour cha­cun des pro­duits, le site développe les prob­lèmes liés à sa fab­ri­ca­tion.

Passé le choc ini­tial de ces pro­duits hors de prix, la bou­tique fic­tive mul­ti­plie les appels à l’engagement. Partager pour sen­si­bilis­er le pub­lic, soutenir les parte­naires du pro­jet, ou même, rejoin­dre des organ­i­sa­tions de préser­va­tion des ressources hydriques : les pos­si­bil­ités sont mul­ti­ples pour ten­ter de plac­er la crise de l’eau au cœur des préoc­cu­pa­tions. Et vous, vous met­triez quoi dans votre panier ?