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Dérèglement climatique, «il n’est plus l’heure de se demander si ça vaut le coup d’agir» : la chronique de Loup Espargilière dans la Terre au carré

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Chauffe qui peut. Que veut dire un réchauffement global à +1,5°, 2° ou 3,1°C ? Le rédacteur en chef de Vert revient sur plusieurs rapports récents selon lesquels l’humanité est sur la mauvaise pente climatique. Mais les solutions existent et il est trop tard pour être pessimiste ! Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 30 octobre 2024.

Mathieu : Loup, vous allez nous raconter comment et pourquoi l’humanité est sur la mauvaise pente climatique…

Mathieu, je sais que vous comptez toujours sur moi pour que le public de la Terre au carré retrouve l’envie de vivre après avoir écouté la chronique de Cyril Dion, mais cette fois, ce sera un peu plus compliqué que d’habitude.

Nous voilà à deux semaines de la prochaine conférence mondiale sur le climat, a.k.a. la COP29, qui se déroulera en Azerbaïdjan.

Voici donc ouverte la saison des rhinopharyngites et des rapports d’experts qui nous rappellent l’un après l’autre à quel point nous sommes dans la sauce.

Ce lundi, l’Organisation météorologique mondiale nous a dit que l’atmosphère était encore un peu plus saturée de gaz à effet de serre que l’année d’avant.

Il pourrait difficilement en être autrement, puisque l’humanité consomme chaque année davantage de biens et, à travers eux, toujours un peu plus d’énergies fossiles : charbon, pétrole, gaz, vous les connaissez.

Rendez-vous compte : la dernière fois que l’on a atteint de tels niveaux de CO2 dans l’atmosphère, c’était il y a trois à cinq millions d’années, et la Terre était plus chaude de deux à trois degrés.

Deux degrés, trois degrés de réchauffement, ça veut dire quoi exactement ?

Quelques jours auparavant, c’est le Programme des Nations unies pour l’environnement qui publiait la dernière mouture de son rapport annuel, qui mesure l’écart entre les politiques climatiques menées par les États et ce qu’il faudrait vraiment faire pour atténuer la crise climatique.

Eh bien ce cru 2024, il est encore plus sympa que les précédents, puisqu’il annonce que si l’on continue comme ça, on se dirige vers un réchauffement planétaire de 3,1°C d’ici 2100, par rapport aux températures du 19ème siècle. C’est bien plus que les précédentes estimations.

+3,1 degrés, c’est une moyenne planétaire : le mercure grimpera bien plus vite sur les terres qu’au-dessus de l’océan et encore plus en altitude ou dans les pôles. Je vous renvoie vers les températures irréelles en Sibérie, par exemple.

Ça veut aussi dire une multiplication et une intensification de tous les événements météo les plus extrêmes, avec notamment des épisodes chauds beaucoup plus chauds que juste trois degrés de plus.

Rappelez-vous, en 2015, pendant la COP21 de Paris. Tous les pays du monde s’étaient promis de limiter le réchauffement à deux degrés, et même de tout faire pour le contenir sous 1,5°C, afin d’éviter les pires effets de la crise.

Neuf ans plus tard, après une année 2023 qui a pulvérisé tous les records, on sait pertinemment que l’objectif de 1,5°C sera oblitéré, et ce beaucoup plus tôt que prévu – peut-être au cours de cette décennie. Nous en sommes déjà à +1,2°C sur Terre, et +1,9°C en France.

Pour rester sous 1,5°C, il faudrait que les pays du globe réduisent collectivement leurs émissions de 43% d’ici à 2030 – c’est demain. Or, on se dirige vers une baisse, tenez-vous bien, de… 4%. On n’y est pas DU TOUT, la France y compris.

Bon, c’est foutu ?

A l’heure où les pires climatosceptiques ressortent des poubelles de l’histoire et où le gouvernement s’intéresse plus aux arrêts maladies des fonctionnaires qu’au chaos climatique, il est franchement tentant de se rouler en boule et de binger Netflix en attendant la fin du monde.

Mais ce qu’il faut absolument garder en tête, c’est que le climat, il n’y a pas un moment où ça va, et un moment où d’un coup c’est foutu. Chaque dixième de degré compte. Et chaque tonne de CO2 évitée. Ce sont autant de destructions et de morts en moins.

Pour des centaines de millions d’êtres humains qui vivent dans des climats tropicaux, sur des îles ou des côtes basses menacées par la montée des eaux, la différence entre 1,5 et 2°C, c’est la différence entre la vie et la mort.

On va se redonner un peu de force avant de se dire au revoir : à Vert, on a un slogan qu’on aime tellement qu’on l’a mis sur un poster : il est trop tard pour être pessimiste.

Il n’est plus l’heure de se demander si ça vaut le coup d’agir. On se remonte les manches, on fait ce qu’on peut, mais on donne tout. Et on fera les comptes à la fin.

📻 Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct dans la Terre au carré.

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