«1 loup = une balle, 1 vautour = une cartouche de chevrotine» : le visuel jaune fluo publié vendredi 29 août par la Coordination rurale de l’Aveyron sur sa page Facebook semble clair. Ce «rappel si tu croises un loup» est également accompagné d’un appel à «[sauver] l’élevage de montagne».
Comme signalé par le naturaliste Pierre Rigaux, qui a repris le post sur son compte Instagram, «tuer sans autorisation un vautour ou un loup est passible de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende». Ces deux espèces, accusées par certain·es éleveur·ses de dégâts sur leurs troupeaux, sont protégées par le droit français.
Des espèces protégées, avec des dérogations
La destruction volontaire d’un loup gris est «fermement condamnée» par la loi, rappelle sur son site internet le ministère de la transition écologique. Mais un nombre limité d’autorisations de tirs est délivré chaque année par l’État pour certains élevages ayant subi des attaques. Ce lundi dans la nuit, un individu a par exemple été abattu à Séverac (à l’est de l’Aveyron) après trois attaques en cinq jours sur des troupeaux et à la suite d’une autorisation de tir de défense délivrée par la préfète du département.
Comme tous les rapaces en France, le vautour fauve est également protégé. Depuis plusieurs années, des éleveur·ses remontent des attaques de bêtes par ces grands oiseaux. Comme le rappelle régulièrement la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), les vautours sont des charognards qui se nourrissent d’animaux morts : «Leurs becs et leurs serres ne sont pas adaptés à la prédation.»
«Dans le Massif central, et donc en Aveyron, ils étendent leur aire de répartition et recolonisent des territoires où les éleveurs n’ont plus l’habitude de les voir. Il y a une forme d’extinction d’expérience», analyse auprès de la revue La Salamandre Jean-Baptiste Mihoub, écologue au Centre d’écologie et des sciences de la conservation (Cesco). Malgré 95% d’avis défavorables lors de la consultation publique, la préfecture de l’Aveyron a autorisé des tirs d’effarouchement (avec des balles à blanc) dans une centaine de communes du département entre le 1er mars et le 15 novembre pour les années 2025 et 2026.
Une première condamnation en début d’année
Dans ce département rural, la difficile cohabitation avec ces deux espèces emblématiques s’ajoute à un mal-être croissant dans le monde agricole. Dans une vidéo accompagnant le visuel de la Coordination rurale de l’Aveyron, un jeune éleveur victime d’une attaque de loup s’interroge sur l’avenir de l’agriculture française : «Si le gouvernement ne se bouge pas le cul, il va s’arrêter des exploitations d’ici peu.»
Syndicat agricole défenseur du protectionnisme et critique vis-à-vis des normes environnementales, la Coordination rurale appelle régulièrement à une extension des autorisations de tirs contre les loups.
En janvier 2025, la branche locale de la Haute-Vienne a été condamnée par le tribunal de Limoges pour avoir publié des visuels proposant des primes à l’abattage de loups, considérés comme un «appel au braconnage» par l’association de défense des animaux One Voice.
À lire aussi
-
«Tuer le loup ne sert à rien, il reviendra» : dans le Lot, ces bénévoles dorment avec les troupeaux pour les protéger des attaques
Plus bêle la vie. Le programme Pastoraloup de l’association Ferus commence à prendre racine dans le Lot. Objectif : apporter un soutien aux éleveur·ses en assurant une présence humaine auprès des troupeaux. Un engagement citoyen, écologique et concret face au retour du prédateur. -
Les loups moins protégés en Europe : il sera bientôt plus facile «de tirer et de tuer» le canidé
La faune aphone. Réunis à Strasbourg, les Etats de la Convention de Berne ont approuvé un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d'espèce «strictement protégée» à «protégée».