Convention citoyenne pour le climat : fini de rire !

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Bon­jour l’am­biance ! Avant même la présen­ta­tion, aujour­d’hui, du pro­jet de loi cen­sé repren­dre 40% des 149 propo­si­tions de la Con­ven­tion citoyenne pour le cli­mat, plus per­son­ne ne cache sa décep­tion, Macron y com­pris !

« Moi je suis vrai­ment très en colère con­tre des activistes qui m’ont aidé au début et qui dis­ent main­tenant, il faudrait tout pren­dre », s’est énervé le prési­dent de la République ven­dre­di 4 décem­bre lors d’une inter­view accordée à Brut. « La solu­tion des fainéants, ce sont les gens qui dis­ent moi j’ai un truc, c’est à pren­dre ou à laiss­er, si vous ne le prenez pas c’est nul », a‑t-il pour­suivi en visant Cyril Dion. Le réal­isa­teur, qui lui avait souf­flé l’idée de la Con­ven­tion, a prévu de lui remet­tre en fin de semaine une péti­tion, déjà signée par plus de 333 000 per­son­nes, l’en­joignant à « tenir [son] engage­ment formel et pub­lic de repren­dre “sans fil­tre” les propo­si­tions de la Con­ven­tion ».

Le Prési­dent a défendu, par­fois avec véhé­mence, son bilan écologique pen­dant plus de vingt min­utes (de 1:42:00 à 2:06:00) © Brut

Les citoyen•e•s de la Con­ven­tion ne pren­nent plus de gants pour dénon­cer les rec­u­lades du gou­verne­ment (déjà racon­tées par Vert), oule proces­sus d’élab­o­ra­tion du texte. Sur leur site #sans­fil­tre, elles et ils décomptent déjà dix mesures « en dan­ger », vingt « débattues » et dénon­cent glob­ale­ment une « absence de con­cer­ta­tion »

Dans le Monde, on apprend que les réu­nions organ­isées avec les acteurs économiques en sep­tem­bre ont été mal vécues par les participant•e•s : « ce n’était pas de la con­cer­ta­tion, c’était un tri­bunal », explique une citoyenne. Plusieurs d’en­tre elles et eux prévoient de boy­cotter la réu­nion d’au­jour­d’hui, regret­tant d’être mis•es « devant le fait accom­pli » (France Inter). La grogne monte aus­si chez les par­lemen­taires à qui l’on avait promis de la « co-con­struc­tion » et qui risquent de devoir se pronon­cer sur un texte « écrit à 95% ».

La phrase

« Per­son­ne n’a fait autant que nous depuis trois ans ! Per­son­ne ! Et je l’assume devant vous ! Moi je n’ai pas pris des lois pour dans dix ans » 

Emmanuel Macron, le 4 décem­bre à Brut

Dif­fi­cile, en apparence, de con­tredire le prési­dent. L’ac­tion des gou­verne­ments suc­ces­sifs va crescen­do à mesure que la cat­a­stro­phe cli­ma­tique est de mieux en mieux doc­u­men­tée. Pour autant, les avancées qu’Em­manuel Macron a lui-même citées lors de son entre­tien à Brut – sor­tie des cen­trales à char­bon, fin du pro­jet Europac­i­ty et de Notre-Dame-des-Lan­des, aban­don de la Mon­tagne d’or en Guyane – ne con­stituent pas une poli­tique sys­témique à la hau­teur des enjeux, comme le rap­pelle con­stam­ment le Haut-Con­seil pour le Cli­mat mis en place par le prési­dent lui-même. Son gou­verne­ment est visé par deux actions en jus­tice pour son inac­tion cli­ma­tique (Vert). Face à ses mau­vais résul­tats, l’exé­cu­tif avait décidé, en jan­vi­er 2020, de revoir à la baisse ses objec­tifs de réduc­tion de CO2 pour les années futures (Noveth­ic).