Vous reprendrez bien un petit cocktail ? Les lagunes de la Méditerranée française sont polluées par de nombreux pesticides, dont les effets combinés sont encore mal connus.
C’est le constat fait par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) dans son dernier bilan du suivi des lagunes méditerranéennes, qui se penche sur la période 2017-2019.
Pour juger du « bon état chimique » des lagunes, l’usage consiste à mesurer les concentrations de substances les plus nocives, dites « prioritaires ». Pas les autres. Or, même si ces dernières « sont jugées aujourd’hui moins toxiques que les substances prioritaires, ce constat est susceptible d’évoluer avec l’avancée des recherches écotoxicologiques, et malgré tout, elles ont aussi individuellement des effets reconnus sur des espèces non cibles », note le rapport.
Les produits phytosanitaires sont utilisés par l’agriculture pour désherber ou tuer les espèces dites « invasives ». Mais ils se déversent ensuite dans les lagunes, générant des effets néfastes sur toute la faune et la flore. Ainsi « le diuron, un herbicide, modifie la structure de l’ADN de l’huître et nuit même à sa descendance », a expliqué à 20 Minutes Wilfried Sanchez, directeur scientifique adjoint à l’Ifremer.

Dans chacune des dix lagunes étudiées, 15 à 39 pesticides ont été détectés. Si les valeurs maximales ne sont pas toujours atteintes, les scientifiques mettent en garde contre ces dangereux mélanges : « les travaux sur les mélanges de contaminants mettent en lumière les effets cumulés des « cocktails » sur les organismes vivants, même à des doses individuelles jugées protectrices pour l’environnement ».