«J’ai quitté mon travail parce que je passais mon temps à vendre des produits que je refusais d’acheter.» Après six ans dans la grande distribution, Lucie Cossia laisse de côté son job fin 2021 et part voyager pendant un an, sans prendre l’avion. Elle en revient avec un constat : organiser un voyage sans voler est un sacerdoce. No plane to go est en train de naître.
Sur son site internet, la trentenaire propose des itinéraires pour «montrer qu’on peut faire des voyages différents aussi enchanteurs que ceux en avion». Son petit truc en plus : tous les parcours proposés mènent vers une activité en extérieur. À chaque fois, deux options pour rallier les lieux : la plus rapide et la moins chère. Et toujours cinq villes de départ différentes pour un large maillage du territoire : Paris, Rennes, Marseille, Bordeaux et Lyon.
L’entrepreneuse a déployé la semaine dernière une version payante de son projet : «La partie itinéraire est gratuite, et toute la partie conseil jour par jour, hébergement, est accessible en premium», précise Lucie Cossia. À la même occasion, cette Géo Trouvetout du voyage décarboné a dévoilé ses premiers itinéraires hivernaux, qui seront accompagnés d’ici la fin du mois d’un tracé GPX téléchargeable sur téléphone. Du plus urbain au plus romantique, Vert a sélectionné cinq manières de vous évader cet hiver. Tour d’horizon.
Le plus urbain : de Nantes à Bordeaux à vélo
La route est longue, mais le chemin est beau pour cet itinéraire à vélo entre Nantes et Bordeaux. Au menu, dix étapes et 650 kilomètres (km) le long de l’Eurovélo 1, qui traverse notamment Les Sables-d’Olonne, Royans et La Rochelle. «Il suit la côte ouest tout le long. On quitte rarement l’océan. Et, parce qu’il travers la France du nord au sud, on voit évoluer les paysages. C’est un itinéraire tout à fait réalisable, avec deux semaines de vacances ça suffit largement. Traverser à vélo les marais salins de l’île d’Olonne, c’est très sympa», promet Lucie Cossia.
Le plus nature : en raquettes dans les Pyrénées autour de Formiguères
Entre trains et bus, Lucie vous détaille comment rejoindre cette boucle au départ de Formiguères. Une fois sur place vous attendent les grands espaces : «C’est un itinéraire de trois jours en raquettes, ou en randonnée l’été. Il faut prévoir deux nuits en refuge, dont une dans un refuge non gardé. On est majoritairement seul·e sur ce genre de parcours, au milieu de la forêt, avec vue sur la montagne. C’est fascinant.» Ce circuit de 21 km est accessible aux débutant·es mais nécessite une bonne condition physique. Et d’être bien équipé·e contre le froid !
Le plus aventure : la grande traversée du Jura
«Nous partons de nouveau en raquettes, mais dans le Jura cette fois», propose cette amoureuse du grand air. Une grande traversée du jura en onze étapes, pour 150 km au total, dont 16 pour la journée la plus longue. Et jusqu’à 650 mètres de dénivelé par jour ! «C’est vrai qu’il y a parfois de grosses étapes, mais on passe par beaucoup de forêts enneigées, c’est assez magique.» Au programme : points de vue sur la vallée, cascades et faune sauvage.
Le plus romantique : l’île de Majorque en randonnée
Un trajet multimodal en train, ferry et bus vous amènera au port d’Andratx, sur l’île de Majorque, en Espagne. Là, un itinéraire de randonnée vous attend, en huit étapes à travers le nord de l’île. À vous le GR221 et ses 140 km de sentiers. «La rando se divise en deux parties, la première tournée vers la Méditerranée, la deuxième dans les montagnes de la serra de Tramuntana», souligne Lucie. Et pour la touche de romantisme, elle conseille de passer une nuit «au refuge Can Boi à Deià, qui offre une belle vue sur les falaises et possède un moulin à huile».
La pépite : en Allemagne, la forêt noire sous toutes ses coutures
Le détail de la formule n’est accessible qu’avec la version premium du site. Cette fois, pas un, mais quatre itinéraires dans la forêt noire, au départ de Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, avec des transports cohérents pour aller de l’un à l’autre. «D’abord, proche de Fribourg, une belle vue sur la ville. Mais ça grimpe pas mal ! Ensuite, la boucle de Titisee, assez bien balisée. Elle permet d’être dans la forêt, sans quitter le lac des yeux. La suivante est en moyenne montagne, avec plus de dénivelé. Et la dernière, c’est de la forêt pure, à Triberg, qui abrite le plus grand coucou au monde.»
Hourrail et Mollow veulent aussi vous faire préférer le train
Dans le monde du tourisme sans avion, Hourrail se présente comme «le média référence du voyage bas carbone». Son fondateur, Tolt, 33 ans, youtubeur, voyage depuis une dizaine d’années et a lancé la marque il y a deux ans : «On trouve plus de 300 itinéraires sans avion et sans voiture sur notre site internet. Mais c’est un outil, plus que l’élément central du projet. Nous voulons faciliter les voyages bas carbone, en centralisant le maximum d’informations.»
L’objectif de Hourrail est plus large, avec la conviction que c’est en changeant les récits que les comportements évolueront. «Notre deuxième mission est de faire évoluer les imaginaires liés au voyage, pour les rendre compatibles avec les limites planétaires. L’idée est de fédérer autour de ces thématiques, avec des articles, nos réseaux sociaux, des podcasts. On croit beaucoup à la dimension sociale pour accélérer la bascule et faire en sorte que la photo prise depuis la fenêtre d’un train soit plus sexy que celle du hublot d’un avion.»
Depuis quelques semaines, Hourrail a lancé un comparateur carbone. Il permet de mettre en parallèle tous les itinéraires avec les émissions de la voiture et de l’avion, en essayant «de prendre en compte l’ensemble du cycle de vie, de la production du réseau à la maintenance, sur l’ensemble des modes de transport».
Autre acteur du secteur, Mollow, qui a dévoilé en 2023 cinquante nouvelles destinations en France, accessibles sans avion ni voiture. La plateforme communautaire en ligne aide à organiser des voyages bas-carbone. Retrouvez ici l’article que nous lui avions consacré l’an dernier.