Les marteaux des fossiles. L’extraction et l’utilisation de toutes les réserves connues d’énergies fossiles relâcherait 3 500 milliards de tonnes de CO2, soit davantage que tout ce que l’humanité a émis depuis la révolution industrielle, révèle une nouvelle synthèse.
En 2016, lors de la conclusion de l’Accord de Paris, les nations du monde se sont entendues pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C au-dessus de la moyenne de l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle). Pour rester sous cette marque et se prémunir de certains des effets les plus graves de la crise, l’humanité ne peut plus émettre plus que 500 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 : c’est le « budget carbone » restant.
Or, malgré leurs engagements répétés en faveur du climat, les pays producteurs d’énergies fossiles développent toujours des projets à un rythme et une échelle incompatibles avec cet objectif. Si le charbon, le gaz ou le pétrole issus de l’ensemble des réserves déjà identifiées venaient à être extraits, puis utilisés, quelque 3 500 milliards de tonnes de CO2 seraient émises, soit sept fois le budget carbone pour un monde à +1,5°C. C’est ce que révèle un vaste registre des projets fossiles publié, ce lundi, par le think tank Carbon project et le Global energy monitor (GEM).
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Les États-Unis – mais aussi la Russie – possèdent dans leurs réserves de quoi pulvériser ce budget à eux seuls. Si Joe Biden s’emploie à « verdir » l’économie de son pays, son gouvernement continue à accorder de nouveaux permis pour forer des gisements de gaz et de pétrole. Bien qu’il s’agisse – de loin – de l’énergie la plus nocive pour le climat, de nombreux projets liés au charbon sont en passe d’être développés.
En mai dernier, une enquête du Guardian avait mis au jour 195 « bombes climatiques » : des projet en cours d’exploitation ou à venir qui ont le potentiel de relâcher chacun plus d’un milliard de tonnes de CO2 pendant leur durée d’exploitation (notre article). Au rythme actuel, alors que l’humanité émet près de 40 gigatonnes de CO2 par an, le budget carbone pour 1,5°C devrait être dépassé vers la fin de la décennie.
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