Décryptage

Brûler les réserves mondiales d’énergies fossiles émettrait sept fois trop de CO2 pour contenir le réchauffement à 1,5°C

  • Par

Les marteaux des fos­siles. L’extraction et l’utilisation de toutes les réserves con­nues d’énergies fos­siles relâcherait 3 500 mil­liards de tonnes de CO2, soit davan­tage que tout ce que l’humanité a émis depuis la révo­lu­tion indus­trielle, révèle une nou­velle syn­thèse.

En 2016, lors de la con­clu­sion de l’Accord de Paris, les nations du monde se sont enten­dues pour lim­iter le réchauf­fe­ment plané­taire à 1,5°C au-dessus de la moyenne de l’ère préin­dus­trielle (milieu du 19ème siè­cle). Pour rester sous cette mar­que et se pré­mu­nir de cer­tains des effets les plus graves de la crise, l’humanité ne peut plus émet­tre plus que 500 giga­tonnes (mil­liards de tonnes) de CO2 : c’est le « bud­get car­bone » restant.

Or, mal­gré leurs engage­ments répétés en faveur du cli­mat, les pays pro­duc­teurs d’énergies fos­siles dévelop­pent tou­jours des pro­jets à un rythme et une échelle incom­pat­i­bles avec cet objec­tif. Si le char­bon, le gaz ou le pét­role issus de l’ensemble des réserves déjà iden­ti­fiées venaient à être extraits, puis util­isés, quelque 3 500 mil­liards de tonnes de CO2 seraient émis­es, soit sept fois le bud­get car­bone pour un monde à +1,5°C. C’est ce que révèle un vaste reg­istre des pro­jets fos­siles pub­lié, ce lun­di, par le think tank Car­bon project et le Glob­al ener­gy mon­i­tor (GEM).

À tra­vers le globe, 4 992 pro­jets gaziers et pétroliers sont opéra­tionnels (mar­ron), 79 sont en cours de développe­ment (rouge) et 108 autres ont été iden­ti­fiés (jaune), comme le mon­tre cette carte inter­ac­tive du GEM. Cliquez dessus pour y accéder.

Les États-Unis — mais aus­si la Russie — pos­sè­dent dans leurs réserves de quoi pul­véris­er ce bud­get à eux seuls. Si Joe Biden s’emploie à « verdir » l’économie de son pays, son gou­verne­ment con­tin­ue à accorder de nou­veaux per­mis pour for­er des gise­ments de gaz et de pét­role. Bien qu’il s’agisse — de loin — de l’énergie la plus nocive pour le cli­mat, de nom­breux pro­jets liés au char­bon sont en passe d’être dévelop­pés.

En mai dernier, une enquête du Guardian avait mis au jour 195 « bombes cli­ma­tiques » : des pro­jet en cours d’exploitation ou à venir qui ont le poten­tiel de relâch­er cha­cun plus d’un mil­liard de tonnes de CO2 pen­dant leur durée d’exploitation (notre arti­cle). Au rythme actuel, alors que l’humanité émet près de 40 giga­tonnes de CO2 par an, le bud­get car­bone pour 1,5°C devrait être dépassé vers la fin de la décen­nie.