Chronique

«Born in PPM», leur déclic écolo sur papier photo

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Ils ont eu le déclic. Dans une série de por­traits en noir et blanc inti­t­ulée «Born in… PPM», la pho­tographe Mary-Lou Mauri­cio cap­ture les émo­tions-caléi­do­scope nées de la prise de con­science du dérè­gle­ment cli­ma­tique.

Un por­trait noir et blanc en plan améri­cain, coupé à mi-cuisse ; un nom­bre et un sigle «PPM» mar­qués au feu­tre sur la peau ; un regard déter­miné, triste ou fuyant face à l’objectif : sur les réseaux soci­aux, la série imag­inée par Mary-Lou Mauri­cio a de l’éclat.

«J’étais bénév­ole à la Fon­da­tion pour la nature et l’homme, mais je pou­vais faire qua­tre allers-retours à Sin­gapour pour des repérages pour Louis Vuit­ton. Je n’avais pas com­pris le prob­lème», con­fie la quadragé­naire à Vert. Après un burnout, cette anci­enne cadre du luxe se forme comme pho­tographe pro­fes­sion­nelle à l’école des Gob­elins puis comme pho­to­jour­nal­iste. Avec une obses­sion : com­ment visu­alis­er le car­bone ?

© Born in PPM

Fin 2022, en amont du som­met inter­na­tion­al de la COP27 sur le cli­mat en Egypte, elle imag­ine un pro­jet artis­tique pour représen­ter le réchauf­fe­ment. Ce sera «Born in… PPM». Les Par­ties par mil­lions (PPM) sont l’indice de mesure de la con­cen­tra­tion en gaz à effet de serre dans l’atmosphère, «un mar­queur tan­gi­ble de notre rela­tion au change­ment cli­ma­tique». Elles étaient de 294 en 1900 et de 418 en jan­vi­er 2022. La con­cen­tra­tion en PPM racon­te l’histoire récente de l’évolution du cli­mat.

Les per­son­nes pho­tographiées suiv­ent aus­si un ate­lier sur l’impact des activ­ités humaines sur la planète, et témoignent dans un enreg­istreur de leur vécu. «On mêle don­nées sci­en­tifiques et ressen­ti per­son­nel et on pousse les gens à pren­dre par­ti sur ce qu’ils veu­lent dire avec la pho­to», détaille la pho­tographe, qui a rejoint l’agence Hans Lucas. Par­fois, l’émotion gagne : «je me rap­pelle une jeune sci­en­tifique dans une grosse boîte qui s’est effon­drée à la vue des courbes du réchauf­fe­ment qu’elle con­nais­sait pour­tant bien. Elle a accep­té que je la pho­togra­phie en pleu­rant».

Le pho­tographe Yann Arthus Bertand. © Mary-Lou Mauricio/Born in PPM

Il y a eu Jacque­line, 98 ans, qui a incité les jeunes à ne pas faire d’enfants. Ou le célèbre pho­tographe Yann Arthus-Bertand, qui a bran­di un doigt d’honneur face à l’objectif. Le chef Kayapo Roani, l’éthologue Jane Goodall et une foule d’entrepreneur·ses, militant·es et anonymes se sont aus­si pressé·es dans son stu­dio, instal­lé à la galerie Bau­doin Lebon à Paris, dans des entre­pris­es ou encore lors d’événements comme le som­met des solu­tions ChangeNow. Au total, plus de 2 500 clichés ont été réal­isés.

La pho­tographe Mary-Lou Mauri­cio. © Born in PPM

Et pour la suite ? Mary-Lou Mauri­cio songe à inter­na­tion­alis­er le pro­jet, mon­ter une expo­si­tion par­tic­i­pa­tive ou encore pub­li­er un livre. Les pro­jets foi­son­nent à mesure que les PPM tou­jours s’envolent.