Chronique

«Blablacar et son monde» : un autre covoiturage est possible

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Car à toi. Dans une enquête fouil­lée, Fabi­en Gin­isty pro­pose de soulever le capot de la suc­cess sto­ry de Blablacar, la plate­forme française de cov­oiturage aux 100 mil­lions de mem­bres.

Jour­nal­iste et directeur de la rédac­tion du mag­a­zine indépen­dant L’âge de faire, Fabi­en Gin­isty est aus­si un cov­oitureur de longue date. En 2009, pour se ren­dre à moin­dre coût de Toulouse à Paris, il utilise pour la pre­mière fois le site covoiturage.fr, rebap­tisé Blablacar en 2013. «Le ser­vice était gra­tu­it et il n’y avait aucune trans­ac­tion finan­cière effec­tuée via le site. À la fin du tra­jet, j’avais don­né un bil­let à Jean-Luc et je l’avais remer­cié pour le détour, tout sim­ple­ment», se sou­vient l’auteur.

Une sim­plic­ité et une gra­tu­ité qui pren­nent bien­tôt fin. En 2011, la plate­forme met en place un sys­tème de tar­i­fi­ca­tion à des­ti­na­tion des passager·es. «Je me retrou­ve à jouer au bour­si­co­teur de mon siège vide ou à com­par­er les offres BlaBlaCar comme je com­par­erai des offres de grille-pains sur Lebon­coin», se désole Fabi­en Gin­isty. Il cherche à en savoir davan­tage sur le mod­èle économique der­rière cette belle idée du partage de tra­jets en voiture.

«Je voulais com­pren­dre la place que nous, les 22 mil­lions d’usagers en France, avions dans ce sys­tème, explique Fabi­en Gin­isty à Vert. L’une des décou­vertes qui m’a le plus sur­pris, c’est la présence de cer­tains fonds d’investissements basés dans les par­adis fis­caux du Lux­em­bourg, du Delaware ou encore de Jer­sey».

Le livre-enquête revient en détail sur le par­cours du boss de Blablacar, Frédéric Mazzel­la, fig­ure de la «start-up nation» décidé à «ren­dre le monde meilleur». Et le sou­tien mas­sif de Total­En­er­gies qui, avec l’aval de l’Etat français au tra­vers d’un dis­posi­tif opaque de cer­ti­fi­cats d’économie d’énergie, a per­mis à la plate­forme d’assoir son mono­pole.

Mais, pour Fabi­en Gin­isty, un autre cov­oiturage est pos­si­ble. Il suf­fit pour cela de regarder du côté du slug­ging, cette pra­tique gra­tu­ite et sans inter­mé­di­aire dévelop­pée aux États-Unis depuis les années 1970. Ou, tout sim­ple­ment, de l’«autostop».

«Blablacar et son monde», Fabi­en Gin­isty, une coédi­tion Le pas­sager clandestin‑L’âge de fer, avril 2024, 224 pages, 16 €.