Avec la nouvelle PAC, la France met “à poil” ses agriculteurs bio

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Mer­cre­di, des agriculteur·rice·s en bio ont man­i­festé à Paris dans le plus sim­ple appareil pour dénon­cer la ver­sion française de la Poli­tique agri­cole com­mune (PAC) qui risque de les priv­er d’une impor­tante source de revenus.

A Brux­elles, la nou­velle ver­sion de la PAC pour la péri­ode 2023–2027 entre dans sa dernière phase d’élab­o­ra­tion. Avec son bud­get de 386 mil­liards d’eu­ros, c’est le pre­mier poste de dépense de l’U­nion européenne. Les asso­ci­a­tions et syn­di­cats paysans espéraient que la France utilis­erait les 9,4 mil­liards d’eu­ros qui lui sont réservés pour favoris­er une agri­cul­ture respectueuse du vivant (Vert), mais il n’en sera rien.

Rassem­ble­ment sur l’e­s­planade des Invalides, à Paris, ce mer­cre­di. © William Lam­bert / Twit­ter

A l’ap­pel de la Fédéra­tion nationale d’a­gri­cul­ture biologique (FNAB), quelques dizaines de paysan·ne·s se sont mis·es à nu sur l’e­s­planade des Invalides, ce mer­cre­di. Elles et ils pointaient du doigt la volon­té du gou­verne­ment de sup­primer l’aide au main­tien en bio. Cette sub­ven­tion, qui suc­cède à l’aide à la con­ver­sion octroyée au cours des cinq pre­mières années, se monte à 150€ par hectare et par an pour les viti­cul­tures, et jusqu’à 600€ pour le maraîchage et l’ar­bori­cul­ture. Sa sup­pres­sion représen­tera une perte de plusieurs mil­liers d’eu­ros pour de nom­breuses exploita­tions.

Le gou­verne­ment se défend en arguant que l’en­veloppe pour l’aide à la con­ver­sion passera de 250 à 340 mil­lions d’euros par an. L’ob­jec­tif est d’at­tein­dre 18% de la sur­face agri­cole cul­tivée en bio con­tre 9,5% en 2019.

Autre point de ten­sion : les éco-régimes, prévus par la nou­velle PAC. Ceux-ci con­sis­tent en une aide sup­plé­men­taire accordée aux pra­tiques les plus vertueuses. Or, ils seront attribués au bio comme aux exploita­tions à Haute valeur envi­ron­nemen­tale (HVE). Comme Vert l’avait racon­té, ce label n’a rien à voir avec le bio et per­met l’emploi de pes­ti­cides à grandes dos­es.

Pour toutes ces raisons, craig­nent les asso­ci­a­tions, la ver­sion française de la PAC décidée par le min­istère de l’a­gri­cul­ture risque de décourager les paysan·ne·s tenté·e·s par le bio.