Malgré l’urgence, la France refuse de réorienter sa politique agricole

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PAC ou pas cap. En fin de semaine dernière, le min­istre de l’a­gri­cul­ture a détail­lé la future répar­ti­tion des aides aux agricul­teurs français au titre de la nou­velle poli­tique agri­cole com­mune (PAC). Plusieurs organ­i­sa­tions ont quit­té la réu­nion, furieuses.

La future ver­sion de la poli­tique agri­cole com­mune, et son bud­get de 386 mil­liards d’euros pour la péri­ode 2023–2027, entrent dans leur dernière phase d’élaboration. Au mois de juil­let prochain, la France devra soumet­tre à la Com­mis­sion européenne son plan stratégique nation­al (PSN) qui pré­cise com­ment elle compte déclin­er la PAC auprès de ses 450 000 agricul­teurs. Or, la présen­ta­tion qu’elle vient d’en faire aux asso­ci­a­tions agri­coles et envi­ron­nemen­tales sus­cite déjà décep­tion et colère, à tel point que la Con­fédéra­tion paysanne, la Fédéra­tion nationale de l’a­gri­cul­ture biologique, France Nature Envi­ron­nement, la plate­forme Pour une autre PAC et le WWF France ont décidé de quit­ter la con­cer­ta­tion.

© Bill Meier / Flickr

Ces organ­i­sa­tions espéraient que la France utilis­erait les 9,4 mil­liards d’eu­ros d’aides annuelles que lui réserve la PAC comme un levi­er pour ori­en­ter son agri­cul­ture vers des pra­tiques plus vertueuses. Au lieu de ça, le min­istre de l’A­gri­cul­ture, Julien Denor­mandie, revendique la « sta­bil­ité » dans la répar­ti­tion des aides afin, dit-il, de ne pas désta­bilis­er les agricul­teurs. 75% de l’enveloppe de sub­ven­tions con­tin­uera d’être attribuée en fonc­tion de la sur­face et de la pro­duc­tion des exploita­tions, favorisant les mastodontes. L’accompagnement à la mod­erni­sa­tion des exploita­tions et des pra­tiques pla­fon­nera à 25%.

Con­cer­nant l’a­gri­cul­ture biologique, le min­istre a indiqué que les aides accordées à la con­ver­sion passeront de 250 à 340 mil­lions d’eu­ros par an. En revanche, les agricul­teurs déjà con­ver­tis ne béné­ficieront plus d’aides spé­ci­fiques. Les organ­i­sa­tions regret­tent enfin le faible d’ex­i­gence des « éco-régimes », ces sub­ven­tions accordées en échange de la mise en œuvre de pra­tiques vertueuses. En France, 79% des grandes cul­tures sont déjà éli­gi­bles et 13% pour­ront le devenir à moin­dre effort.