Chronique

«Arbres en paroles» : pour chaque homme et pour chaque femme, il y a un arbre compagnon

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Sève qui peut. Archi­tecte et dessi­na­teur, Clé­ment Gy a réu­ni dans un mag­nifique ouvrage une série de por­traits en pho­tos et en dessins d’habitant·es de la Haute-Marne avec leur arbre favori. Une manière sen­si­ble de par­ler et de représen­ter la forêt.

Un pin noir, un cèdre, deux noy­ers, deux hêtres, cinq chênes et autant d’humain·es… Instal­lé à l’été 2023 à la Mai­son Lau­ren­tine, un cen­tre d’art situé en Haute-Marne, un départe­ment réputé pour son immense parc nation­al des forêts, le dessi­na­teur Clé­ment Gy a tiré, à l’encre et en pho­to, le por­trait de onze habitant·es de cette région boisée avec leur arbre préféré. Des ren­con­tres désor­mais réu­nies dans un ouvrage grand for­mat, Arbres en paroles, sor­ti en juin dernier aux édi­tions Liralest.

«En tant qu’architecte, avec le dessin, j’aime faire le por­trait d’un quarti­er, d’un objet. Mais com­ment faire le por­trait de quelqu’un ? En dessi­nant ce qu’il ou elle aime ! Pour ce pro­jet artis­tique sur la forêt, j’ai réal­isé que je pou­vais faire le por­trait des gens à tra­vers leur arbre com­pagnon, détaille à Vert Clé­ment Gy, natif de Marac, un petit vil­lage haut-mar­nais. J’ai fait mon cast­ing en ren­con­trant des per­son­nal­ités incon­tourn­ables quand on par­le des bois en Haute-Marne. Puis en rebondis­sant de recom­man­da­tion en recom­man­da­tion.»

Au fil des pages d’Arbres en paroles, on écoute ain­si Sylvie nous par­ler de ce noy­er qu’elle con­sid­ère comme «son grand frère», Gérard d’un très vieux pin noir «cassé au départ de sa crois­sance, mais qui avait envie de vivre» ; ou encore Alexan­dra, de ce chêne sacré qui se dresse sur un «lieu chargé d’histoire, où il est bon de venir se ressourcer».

«Pour cha­cun de ces por­traits, j’ai passé un long moment avec la per­son­ne. Puis on est allé voir son arbre. Je suis ensuite retourné en forêt pour le dessin­er», racon­te l’auteur. L’ouvrage restitue cha­cune de ces ren­con­tres sur autant de grandes dou­bles-pages : à gauche, une pho­to de l’humain·e et son arbre ; à droite le por­trait dess­iné à l’encre de l’être foresti­er. On plonge ain­si au fil du livre dans l’intimité des par­cours per­son­nels et des racines. Une sorte de bain de forêt tout à fait régénérant.

© Clé­ment Gy / Liralest

Et pour ceux et celles qui voudraient s’immerger un peu plus dans l’univers de Clé­ment Gy et des bois de la Haute-Marne, les por­traits et les dessins d’Arbres en paroles, accom­pa­g­nés de leurs réc­its pro­posés en for­mat pod­cast, se décou­vrent jusqu’à la fin du mois d’octobre dans le grand parc de la Mai­son Lau­ren­tine.

«Arbres en paroles», de Clé­ment Gy (juin 2024), édi­tions Liralest, 40 pages, 35 euros.