En trop obscène. L’impact des humains sur la nature a modifié la planète et nous a fait entrer dans une nouvelle période géologique, selon le récit scientifiquement étayé de l’Anthropocène. C’est l’objet d’un documentaire Arte très éclairant, en libre accès jusqu’au 17 mars.
Des coraux du golfe du Mexique jusqu’aux glaces de l’Antarctique, en passant par des zones humides polonaises, on trouve des indices de la pollution générée par les humains dans tous les sols du globe. Pour désigner cette trace planétaire que laisse notre présence sur Terre, le chimiste Paul Crutzen a créé en 1995 le concept d’«anthropocène», du grec anthropos signifiant l’humain et kainos pour la nouveauté.
Des géologues et paléontologues du monde entier ont collaboré pendant plusieurs années pour vérifier cette hypothèse. Pour la démontrer, elles et ils s’attellent à trouver des traces de modifications des couches terrestres par nos activités. Les expert·es se sont rendu·es sur douze sites différents de notre planète pour en étudier les sols.
Les scientifiques ont remarqué que – partout sur Terre – les couches de sol constituées à partir des années 1950 sont remplies de matières générées par les activités humaines. Au menu : des microplastiques dans la baie de Beppu (Japon), des particules fines émises par la combustion d’énergies fossiles au Canada ou encore des nitrates (fertilisants utilisés pour l’agriculture intensive) dans la mer Baltique.
Partout, l’industrialisation massive de l’après Seconde Guerre mondiale, et la société de surconsommation qui l’a suivie, ont rempli notre couche terrestre d’indices de notre présence.
Le plutonium, l’indice ultime pour dater l’Anthropocène
C’est le plutonium qui a permis aux scientifiques de dater avec précision l’entrée dans l’Anthropocène. Cet élément chimique a été répandu dans l’atmosphère lors des essais de la bombe thermonucléaire dans les années 1950. Aujourd’hui, les géologues le retrouvent dans tous les échantillons prélevés aux quatre coins du globe.
Après plus de cinq ans de recherches, les expert·es de l’évolution de la Terre ont publié leurs résultats et attestent notre entrée dans cette nouvelle ère.
Des chercheur·ses en sciences sociales demandent toutefois à enrichir la définition de cette période, pour qu’elle prenne en compte ses causes politiques. Le mot «anthropocène» laisserait entendre que l’humanité dans son entièreté a pollué massivement la planète à partir des années 1950, alors que ce sont principalement les États-Unis et l’Europe de l’ouest.
Le documentaire, très pédagogique, donne à voir les coulisses de la science et la construction des connaissances pour qualifier l’impact des humains sur la planète.
Anthropocène, l’implacable enquête, Cédric Defert, Arte, 59 minutes, en libre accès jusqu’au 17 mars 2025.
À lire aussi
-
De nouvelles analyses révèlent une pollution massive de l’eau potable au TFA, le plus petit des «polluants éternels»
Ça PFAS pas. Ce jeudi, les associations UFC-Que choisir et Générations futures ont révélé une contamination massive de l’eau potable à l’acide trifluoroacétique, le plus petit des PFAS, à Paris comme en zone rurale. -
À Busan, des négociations internationales crispées autour de la pollution plastique
Dernier traité pour Busan. Depuis lundi 25 novembre et jusqu’au 1er décembre, 175 pays se réunissent à Busan, en Corée du Sud, pour finaliser un traité mondial qui doit limiter la pollution plastique. Les pays pétroliers tentent de freiner les négociations, tandis qu’une coalition d’États de «haute ambition» souhaite limiter la production de matière vierge. Un accord est-il possible ? Vert fait le point.