Au Forum économique mondial, qui se tient à Davos (Suisse) cette semaine, la responsabilité des majors pétrolières dans le changement climatique est pointée du doigt par les militant·es écologistes, mais aussi par Antonio Guterres, dont les prises de position sont de plus en plus tranchées.
La pression monte à Davos sur les géants des énergies fossiles. Ce jeudi, les quatre figures du mouvement pour le climat que la Suédoise Greta Thunberg, l’Ougandaise Vanessa Nakate, l’Équatorienne d’Amazonie Helena Gualinga et l’Allemande Luisa Neubauer ont rejoint la station de ski suisse pour échanger sur les réponses à la crise avec le patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol. Au menu de leur conversation : « la question de savoir si les gouvernements et les entreprises répondent de manière adéquate à la crise climatique, l’état de la transition vers les énergies propres, les appels à arrêter les nouveaux investissements dans les énergies fossiles, et ce qui doit être fait pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré ».
Cet échange sera d’autant plus médiatisé que la lettre ouverte envoyée cette semaine par les quatre militantes pour demander aux multinationales d’arrêter d’exploiter les énergies fossiles a déjà recueilli près de 880 000 signatures. En 2021, l’AIE, institution pourtant réputée pour ses prises de position conservatrices, avait pour la première fois appelé les entreprises et les États à renoncer aux nouveaux projets d’énergies fossiles afin limiter le réchauffement de la planète à 1.5 °C.

« Aujourd’hui, les producteurs de combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour accroître la production, tout en sachant pertinemment que leur modèle économique est incompatible avec la survie de l’humanité » ; lors de son discours prononcé mercredi à Davos, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a vilipendé le « grand mensonge » des majors du pétrole, qui savaient parfaitement les dommages environnementaux que causeraient leurs activités, tout comme l’industrie du tabac a longtemps et sciemment caché la nocivité de ses cigarettes. « Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit-phare allait faire brûler la planète », a-t-il dénoncé, réclamant que les « responsables soient punis ».
Vendredi 13 janvier, une étude de la prestigieuse revue Science a démontré, de manière implacable, que l’entreprise ExxonMobil disposait déjà, il y a 50 ans, d’une fine connaissance scientifique sur le lien entre l’usage immodéré de l’or noir et les immenses quantités de gaz à effet de serre rejetées dans l’atmosphère.
Pour financer, entre autres, la lutte contre le dérèglement climatique, des ultra-riches se proposent par ailleurs de mettre la main au portefeuille. Dans une lettre ouverte aux dirigeants politiques rassemblés à Davos, 200 millionnaires, dont l’acteur Mark Ruffalo ou les héritiers de l’empire Disney, réclament d’être davantage taxés. Réponse du ministre français de l’économie, Bruno Le Maire : « toutes les personnes fortunées qui veulent venir en France sont les bienvenues ».
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